Volte-face

Dessin à la mine de plomb du profil de Roméo Dallaire.

Rebelle, imposteur, intrigant, séducteur… ces qualificatifs ne sont généralement pas associés à des personnalités de l’histoire canadienne. L’exposition Volte face de Bibliothèque et Archives Canada permet d’admirer de près les portraits de certains des hommes et femmes les plus connus du Canada qui font éclater le stéréotype du Canadien modéré et effacé. Dans cet épisode, Carolyn Cook, conservatrice de l’exposition Volte face, se joint à nous pour parler de quelques uns des Canadiens mis en vedette dans l’exposition. Elle révèle les histoires de vol, d’exploitation et de scandale et les grandes réalisations de ces hommes et femmes.

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Date de publication : 27 septembre 2012

  • Transcription d'épisode 6
    Angèle Alain : Bienvenue à Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire. Ici Angèle Alain, votre animatrice. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors que recèlent nos collections, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, protègent et font connaître le patrimoine documentaire du Canada.

    Rebelle, imposteur, tricoteur, séducteur – ces qualificatifs ne sont généralement pas associés à des personnalités de l’histoire canadienne. L’exposition Volte-face de Bibliothèque et Archives Canada permet d’admirer de près certains des portraits des hommes et des femmes les plus réputés du Canada et démontre bien que ce ne sont pas tous des gens qui correspondent au stéréotype de personnes modérées et effacées auxquels les Canadiens sont souvent associés. Les personnages hors du commun présentés dans cette exposition proviennent de tous les horizons, de toutes les régions, des temps anciens comme de l’époque contemporaine. Certains sont célèbres; d’autres le deviendront.

    Nous nous entretenons aujourd’hui avec Carolyn Cook, conservatrice à Bibliothèque et Archives Canada. Carolyn est la conservatrice de l’exposition Volte-face. Elle nous parlera de certaines des personnalités qui figurent dans cette exposition – de leurs portraits et des documents qui s’y rattachent – et révèlera des anecdotes sur les personnalités de cette exposition qu’il s’agisse de vol, d’exploitation, de scandale ou d’accomplissement glorieux.

    Bonjour Carolyn, et merci de vous joindre à nous aujourd’hui. En quoi consiste au juste l’exposition Volte-face? D’abord que signifie « volte-face »?

    Carolyn Cook : L’idée qui sous-tend l’exposition Volte-face est qu’il y a beaucoup plus à découvrir d’une personne que ce qu’il n’y paraît à première vue. L’objectif est donc de permettre aux gens d’en savoir davantage sur les histoires qui se cachent derrière ces individus. Il s’agit d’une exposition itinérante que nous venons de créer et qui est présentement en tournée. Elle réunit environ 100 portraits sur plus de 50 personnalités. Il s’agit vraiment d’une exposition ponctuée d’anecdotes, notre but est donc de permettre aux visiteurs de voir ce qui se cache derrière la façade de ces personnalités et d’apprendre des faits moins connus ou des faits surprenants sur ces personnalités qui font en quelque sorte partie de l’histoire générale du Canada. Elle permet de faire découvrir différentes facettes de ces personnes. Les œuvres s’étendent sur environ quatre siècles; des premiers explorateurs comme Jacques Cartier et Samuel de Champlain, à des icônes contemporaines telles que David Suzuki et Joni Mitchell.

    AA : Volte-face explore donc les deux facettes de ces personnalités?
    CC : Les deux facettes et les multiples facettes également. Je pense que les opinions et les perceptions des gens changent avec le temps et dans les collectivités selon la personne qui regarde le portrait.
    AA : Comment avez-vous trouvé le concept de cette exposition?
    CC : Eh Bien, nous voulions vraiment mettre en évidence l’ampleur et la diversité de la collection de portraits de Bibliothèque et Archives Canada, et en même temps nous voulions briser le stéréotype persistant selon lequel les Canadiens sont modérés et effacés et que l’histoire de notre pays est peut-être un peu ennuyante. Nous voulions aussi montrer que les expositions de portraits ne font pas que rendre hommage aux héros. Nous voulions vraiment mettre en évidence des personnalités qui suscitent différentes opinions et perceptions, et même des opinions divergentes, afin de permettre aux visiteurs d’avoir une conversation sur ces personnages et peut-être de remettre en question leurs points de vue sur ceux-ci.
    AA : D’accord, alors comment cette exposition, accessible en galerie et en ligne, s’inscrit-elle dans la démarche de modernisation de Bibliothèque et Archives Canada en vue de rejoindre davantage de Canadiens?
    CC : Bien, dans le cadre de cette exposition itinérante, nous essayons de présenter des pièces de collection étonnantes de l’histoire canadienne aux collectivités de l’ensemble du pays et de les mettre à la disposition des gens là où ils vivent.
     
    AA : Plutôt que d’inviter les gens à venir nous visiter?
    CC : Ici, à Ottawa, c’est exact. De plus, du fait que cette exposition est accessible en ligne, il suffit d’ouvrir son ordinateur pour avoir accès aux portraits que nous présentons sur notre site Web.
    AA : Et cette collection sera-t-elle toujours accessible en ligne?
     
    CC : Elle le sera pour la durée de l’exposition, soit pendant quelque temps encore. J’encourage donc tout le monde à aller voir ces œuvres étonnantes.
    AA : On peut choisir de parcourir l’exposition en galerie, ou d’aller consulter les images accessibles en ligne?
    CC : C’est exact.
    AA : Quels types d’œuvres s’y retrouvent? Est-ce que ce sont tous des portraits?
    CC : Oui, nous présentons près de 100 portraits, réalisés selon différents modes d’expression : peinture à l’huile, sculpture, vidéo et caricatures.
    AA : Un portrait n’est donc pas uniquement une photographie?
    CC : En effet, nous avons différents supports, et ce qui est également formidable au sujet de cette exposition, c’est que nous voulions vraiment démontrer qu’en effet nous disposons d’une étonnante collection nationale de portraits, mais qu’il existe aussi une fabuleuse collection ici à Bibliothèque et Archives Canada, comprenant notamment un patrimoine documentaire. À la fin de l’exposition, nous mettons à la disposition des visiteurs un ordinateur interactif grâce auquel ils peuvent en apprendre davantage au sujet de ces personnages. Et nous avons des pièces exceptionnelles dans notre collection, par exemple, une lettre écrite par Louis Riel la veille de sa pendaison, adressée à sa femme et à ses enfants. On peut voir cette lettre à l’ordinateur, tout comme les formulaires d’enrôlement de la Première Guerre mondiale du Dr Frederick Banting. L’objectif est de piquer votre curiosité et de vous encourager à poursuivre vos recherches. Ce sont comme des pièces d’un casse-tête qui incident les gens à effectuer plus de recherches et à en apprendre davantage sur des faits moins connus au sujet de ces personnes. Et une bonne part de l’interprétation dans cette exposition revêt un caractère un peu provocateur.
    AA : Pour piquer la curiosité?
    CC : En effet, pour piquer la curiosité et pour favoriser le dialogue entre les visiteurs, et je pense que cela fonctionne.
    AA : J’imagine que cela pique la curiosité à l’égard des histoires présentées dans cette exposition, mais également à l’égard des autres documents que l’on peut trouver en ligne ainsi qu’à Bibliothèque et Archives Canada. Si ce que vous voyez vous intéresse, vous pourriez vouloir en apprendre davantage et effectuer des recherches plus poussées.
    CC : C’est exact, et ce n’est que la pointe de l’iceberg; l’exposition porte sur 50 personnalités, mais évidemment il reste encore beaucoup d’histoires et de personnages différents et intéressants qui ont marqué l’histoire canadienne au sujet desquels on peut poursuivre des recherches en ligne.
    AA : Donc comment avez-vous choisi les Canadiens qui font partie de cette exposition?
    CC : Eh bien, ce fut vraiment un processus difficile, mais nous voulions mettre en évidence certains joyaux de notre collection, ainsi que faire connaître certaines œuvres que nous n’avons jamais été en mesure d’exposer avant.
    AA : Je vois.
    CC : Cela nous rend très enthousiastes. Je le répète toutefois, il ne s’agit pas d’une quelconque liste des 50 personnalités les plus importantes. Il s’agit vraiment de personnalités ayant des histoires fascinantes, et nous voulions que cette exposition porte sur quatre siècles, montre différents modes d’expression et représente différents types de personnages. Plus particulièrement, nous voulions inclure des personnages et des événements qui suscitent différentes positions souvent contrastées ou divergentes. Nous avons donc opté pour des personnes qui polarisent les opinions, ce qui, à mon avis, est intéressant, car cela permet de remettre en question les points de vue des visiteurs et de susciter un dialogue parmi eux.
    AA : Supposons que je ne peux pas voir cette exposition, pouvez-vous nous dire ce qu’elle comporte pour ceux d’entre nous qui ne peuvent la visiter?
    CC : Le concept est vraiment de mettre l’accent sur la rencontre. Nous voulons en quelque sorte vous faire découvrir ces personnages. Il se peut que certains vous soient familiers, tandis que d’autres le sont moins, mais devraient peut-être l’être. En parcourant l’exposition, vous pourrez voir des portraits seuls, mais souvent ils sont juxtaposés, pour montrer les deux facettes d’un même personnage. Dans le cas d’un personnage comme Grey Owl, par exemple, nous avons cette étonnante photographie de Grey Owl, prise par le photographe Yousuf Karsh, placée directement à côté d’une image du jeune Archibald Belaney, qui est son vrai nom. Elles sont disposées ainsi pour vous permettre de regarder ces deux images, et de vous rendre compte qu’il y a une histoire qui les relie. Vous ignorez peut-être qui est Grey Owl, mais cette juxtaposition vous fait parcourir les deux images du regard pour essayer de résoudre le mystère. Nous avons également créé des regroupements de portraits autour de certains personnages, par exemple dans le cas de sir John A. MacDonald, le tout premier premier ministre du Canada. Bien sûr, les opinions sur lui ont beaucoup évolué au fil du temps, et nous avons une grande quantité d’images de sir John A. MacDonald dans notre collection, ainsi que certains objets personnels étonnants, comme un médaillon en or contenant un daguerréotype représentant sir John A. MacDonald jeune.
    AA : Qu’est-ce qu’un daguerréotype?
    CC : Un daguerréotype est un ancien type de photographie. Il s’agit d’un objet personnel étonnant, car c’est un médaillon qui contient également une image de son fils et qui aurait été porté par sa femme à l’époque. Il y a donc des objets personnels étonnants, ainsi que certains portraits politiques, comme une affiche réalisée dans le cadre de l’une de ses campagnes électorales. Encore une fois, il vous suffit de vous tenir devant les représentations d’un personnage et d’analyser quelle est l’intention derrière ces portraits et pourquoi ces personnages ont été représentés d’une telle manière à un moment précis.
    AA : Et si je vais devant l’un de ces portraits, quel type de description vais-je pouvoir lire?
    CC : Il s’agit d’une exposition axée en grande partie sur l’interprétation, nous avons donc installé des étiquettes assez détaillées pour les différents portraits qui présentent des histoires. Comme il y a beaucoup à lire dans cette exposition, ce que nous avons fait, c’est que nous avons commencé le libellé par trois descripteurs du personnage, soit trois noms ou expressions. Les deux premiers descripteurs sont sans doute plus prévisibles, mais le troisième est plus inattendu, peut-être un peu plus sensationnaliste pour vous inciter à lire le reste du texte.
    AA : Choisir trois mots pour décrire une personne nécessite-t-il beaucoup de travail?
    CC : Cela nécessite évidemment beaucoup de travail, et bien sûr décrire quelqu’un exige plus de trois mots. C’est donc tout un défi…
    AA : Mhmmm…exactement!
    CC : …de résumer, mais ce que nous avons essayé de faire, c’est de commencer par les aspects connus. Par exemple pour un personnage comme sir John MacDonald, nous avons commencé par premier premier ministre ou premier ministre, puis comme troisième descripteur ce que nous avions c’est bon vivant, parce qu’il aimait assez consommer de l’alcool. Bien sûr, il s’agit d’une façon amusante et légère de décrire un premier ministre du Canada, qui est manifestement un sujet sérieux, encore une fois c’était dans le but de permettre aux visiteurs de s’identifier à ces personnages.
    AA : Ce sont tous des êtres humains.
    CC : Ce sont tous des êtres humains, exactement. Et je pense que c’est ça qui est très intéressant. Même pour quelqu’un comme le gardien de but de hockey Jacques Plante, qui, comme nous le savons, est un sportif, le troisième descripteur que nous avons c’est tricoteur, parce qu’il aimait tricoter. Sa mère lui a appris à tricoter lorsqu’il était jeune.
    AA : Vraiment?
    CC : Oui, et c’est de cette façon qu’il se calmait avant les matchs, c’est donc très intéressant. Il portait toujours une tuque, c’était en quelque sorte son signe distinctif, et c’est une tuque qu’il avait lui-même tricotée.
    AA : C’est étonnant!
    CC : Oui.
    AA : J’ai vu que vous avez choisi une photographie de Kim Campbell pour présenter l’exposition. Comment avez-vous pris cette décision?
    CC : Eh bien, nous avons choisi le portrait de Kim Campbell comme image signature de notre exposition parce qu’il s’agit d’un portrait bien connu. C’est une photographie prise par Barbara Woodley, en 1990, une image en noir et blanc de Kim Campbell, qui était alors ministre de la Justice. Elle a posé en robe bustier, les épaules dénudées, tenant devant elle sa toge de conseillère de la Reine sur un cintre. Cette image est probablement une des plus célèbres images d’un politicien canadien, ce qui, à mon avis, est un peu difficile à comprendre aujourd’hui. De nombreuses personnes ont jugé ce portrait aux épaules dénudées inapproprié, on a même qualifié Kim Campbell de « Madonna du Canada ». Ce qui, compte tenu du contexte du début des années 1990 et de ce que faisait Madonna à l’époque, par rapport à notre perception de Kim Campbell, est assez différent et contrastant. Il est très intéressant de voir la façon dont le portrait a été pris, l’artiste Barbara Woodley était en pleine création d’un recueil de photographies de femmes canadiennes inspirantes, et elle est allée photographier Kim Campbell. Elle avait l’intention de la poser devant son violoncelle, parce qu’elle était également une violoncelliste accomplie, mais Kim Campbell s’était déjà fait prendre en photo dans cette posture. Elle a donc suggéré de porter sa toge, mais Barbara Woodley avait déjà photographié la juge de la cour Suprême Beverley McLachlin portant ses robes noires. Elles ont donc convenu ensemble d’essayer une pose où elle tient la toge devant elle sur un cintre, alors qu’elle portait une robe bustier. Mais évidemment la publicité qui est apparue par la suite était axée sur le fait de savoir si oui ou non elle portait quelque chose.
    AA : Bien sûr, parce qu’on ne pouvait pas le voir!
    CC : En effet. La photographie a suscité l’intérêt international, et même des tabloïds britanniques l’ont qualifié de pin-up nationale du Canada, ce qui est plutôt intéressant dans le contexte d’aujourd’hui. Mais nous étions vraiment convaincus que cette image rendait l’idée de volte-face, parce que, une fois de plus, l’histoire ne correspond pratiquement pas à l’image, mais également lorsque vous regardez la photographie c’est assez frappant, vous pouvez voir le contraste entre le symbole féminin représenté par les épaules dénudées et le symbole traditionnellement masculin de la toge devant elle.
    AA : De plus, des épaules dénudées, c’est vulnérable, et l’autre volet c’est le côté puissant de la justice. C’est ce que je retire de cette image, cette volte-face.
    CC : Exactement, et c’est également intéressant de penser à la façon dont les hommes politiques sont représentés et perçus comparativement aux femmes politiques.
    AA : En effet. Je comprends que certaines des images sont accompagnées d’enregistrements audio de Canadiens célèbres. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
    CC : Bien entendu, nous avons eu la chance de réaliser de courtes entrevues avec quelques-unes des personnalités représentées dans cette exposition.
    AA : D’accord.
    CC : Notamment Buffy Sainte-Marie et David Suzuki, et bien sûr nous avons un enregistrement de Kim Campbell. Et c’est intéressant parce qu’elle parle du processus qui a mené à la prise de cette photographie, mais aussi des répercussions et de l’effet qu’elle a eu sur sa carrière politique. Et fait intéressant à signaler, le sondeur Angus Reid a déclaré qu’à son avis cette photographie était le facteur qui a le plus contribué à l’ascension de Kim Campbell sur la scène politique. N’est-elle pas devenue par la suite la première femme à occuper le poste de premier ministre du Canada? À de nombreux égards, cette photographie a eu une grande incidence sur sa carrière.
    AA : Bien, écoutons l’enregistrement audio de la très honorable Kim Campbell.
    Kim Campbell : La première fois que le public a vu cette photo, c’était en 1990, et c’était à Vancouver, c’était pas de scandale, c’était très intéressant, c’était parmi les autres photos que Barbara Woodley a pris au sujet des femmes importantes au Canada. Mais la deuxième fois, au Centre des arts national du Canada à Ottawa, à la fin de 1992, c’était un contexte complètement différent, on a spéculé à l’époque que Brian Mulroney va partir et moi j’étais un des candidats, on pensait que peut être va lui remplacer. Donc cela a créé un grand scandale. Mais je pense que l’image était puissante parce qu’elle a combiné les épaules doux rondes, peut-être un peu vulnérable d’une femme avec les vêtements – la robe – d’un conseiller de la reine qui représente une profession très masculine, puissante. Et moi, j’étais la première femme d’être ministre de la justice et je pense que c’était la combinaison de la féminité et de masculinité de la profession qui a frappé les personnes et puis le public, qui a fait un grand impact de cette photo. Et moi, je serais très contente de le faire encore, même si je suis plus âgée, mais je pense que c’était bon de travailler avec un artiste, de trouvé un moyen de montrer…  elle voulait montrer la robe, mais sans la porter, parce qu’elle avait pris déjà une photo de la justice Beverley McLaughlin portant sa robe de justice, et de travailler avec un artiste pour trouver une image par hasard, qui était néanmoins frappante et qui a durer, et cela a été un grand plaisir pour moi et j’espère que ça va devenir une des images bien connu au Canada dans l’histoire de notre photographie.
    CC : Il est intéressant d’écouter la réaction de Kim Campbell à l’égard de la perception de ce portrait. Bien sûr l’artiste, Barbara Woodley, a réagi elle aussi à la façon dont le public a perçu la photographie. Je pense qu’elle a été très étonnée que le public réagisse de cette façon à l’égard de la photographie de Kim Campbell. Elle est allée jusqu’à dire qu’elle pense que le public qui a vu cette image n’a pas compris nécessairement les symboles artistiques utilisés dans cette image.
    AA : On retrouve également une photographie de l’ancien premier ministre Jean Chrétien. Qu’en est-il de cette photographie? Quelle est l’histoire derrière elle?
    CC : Bien, il est intéressant de comparer les portraits de Kim Campbell et de Jean Chrétien parce que, à certains égards, ils sont à l’opposé du portrait officiel classique du politicien. Ce qui est intéressant avec le portrait de Jean Chrétien c’est qu’il a été un participant actif dans la création de cette photographie. Elle fait partie d’une série de clichés pris par le photographe Andrew Danson s’intitulant Unofficial Portraits. Dans le cadre de ce projet, il a photographié plus de 60 politiciens dans leurs bureaux sur la colline du Parlement. Il s’agit vraiment d’un travail de collaboration avec ses sujets. Ce qu’il faisait, c’est qu’il se présentait sur les lieux et installait le bureau, il pouvait déplacer certains meubles, des œuvres d’art ou des objets dans le bureau pour créer un décor, puis il laissait le politicien, comme dans le cas de Jean Chrétien, seul dans le bureau avec le déclencheur prêt à être activé. Il lui appartenait alors de prendre différents portraits de lui-même. Il avait reçu l’instruction de prendre tout le temps nécessaire pour finir avec une dizaine de photographies. Ce qui est intéressant avec le portrait de Jean Chrétien c’est le déroulement du processus, pas uniquement le résultat final. Apparemment, Jean Chrétien avait compris que l’image avait besoin de comporter des éléments sérieux et peut-être un peu plus légers. Il s’est donc employé pour ses différents portraits à se déplacer dans la pièce et à faire preuve de créativité. Apparemment, au bout de quatre ou cinq photographies, il est sorti du bureau et a dit à l’artiste Andrew Danson qu’il ne savait vraiment pas quoi faire d’autre, et il lui aurait répondu qu’il n’avait qu’à retourner dans son bureau et y réfléchir.
    AA : J’imagine Jean Chrétien faisant du yoga dans son bureau pour une raison ou une autre.
    CC : Ce serait toute une pose. Mais il est intéressant de savoir qu’Andrew Danson n’avait aucune idée de ce qu’il trouverait avant de développer le film pour obtenir la planche contact, et il semble que Jean Chrétien s’est montré très créatif. Il s’est mis par terre et s’est agenouillé devant sa peau d’ours, il y avait apparemment une sculpture inuite dans son bureau qu’il fixait directement; dans une autre prise, il a mis ses lunettes et a fait semblant de lire un livre. Et ce qui est intéressant c’est qu’il a choisi la dernière pose qu’il a prise dans la série. Sur cette photo, il est assis sur une chaise en avant-plan de l’image, on retrouve en arrière-plan la peau d’ours polaire sur le sol, et la sculpture inuite sur le côté, il regarde directement l’objectif dans une attitude sérieuse en faisant le salut scout. C’est une photo à la fois humoristique et sérieuse. Et pour l’anecdote, ce qui est intéressant, c’est qu’en faisant mes recherches j’ai appris que Jean Chrétien a déjà été exclu des scouts. Il s’agit donc d’une pose ironique d’autant plus qu’il fait le salut scout. Et, vous savez, il a connu une longue carrière dans la politique canadienne, mais il était reconnu comme le petit gars bagarreur de Shawinigan. Nous le connaissons comme le premier ministre qui a agrippé à la gorge un manifestant lors d’un événement. On peut peut-être imaginer pourquoi il a été exclu des scouts, il était reconnu pour son côté bagarreur.
    AA : Est-ce l’élément de la volte-face dans ce cas?
    CC : Oui, c’est en quelque sorte l’idée de la volte-face. Dans ce cas aussi, le portrait vous interpelle lorsque vous passez devant, il y a cette volte-face, mais, en même temps, il y a l’idée d’un politicien qui est également un bagarreur.
    AA : Un autre personnage bien connu de la politique canadienne représenté dans cette exposition est Roméo Dallaire. Pourriez-vous nous dire comment il s’intègre dans cette exposition?
    CC : Bien sûr. Je pense que cette image en particulier est très frappante. C’est un grand dessin à la mine de plomb de Roméo Dallaire, réalisée par Elaine Goble. Bibliothèque et Archives Canada en a fait l’acquisition récemment. C’est une image très frappante, parce qu’il s’agit d’un portrait en gros plan dans lequel on ne voit que son visage de côté avec le regard fixant un point, comme s’il était perdu dans ses pensées. Je pense que bien des gens lorsqu’ils se retrouvent devant ce dessin ne le reconnaissent peut-être pas, mais ont une réaction émotionnelle devant cette image parce qu’elle est très solennelle. On se rappelle que Roméo Dallaire, en 1994, a pris les commandes d’une mission de maintien de la paix des Nations unies en pleine guerre civile, au Rwanda, sans disposer de moyens adéquats pour intervenir. Le général Dallaire n’a pas été en mesure d’empêcher le massacre de 800 000 personnes en 100 jours. Bien entendu, il a fini par convaincre les autorités des Nations unies à prendre des mesures, mais ce fut trop peu, trop tard. Je pense que l’on peut voir ces pensées obsédantes dans ses yeux, et c’est très bien illustré dans ce portrait.
    AA : Et je suppose que si on connait l’histoire, on peut deviner quelles sont ses pensées, et si on ne la connaît pas, on veut le savoir.
    CC : Exactement. Et ce qui est très intéressant au sujet de cette œuvre, c’est qu’elle a été réalisée dans le cadre d’une émission intitulée Star Portraits, dans laquelle on confiait à trois artistes établis la tâche de réaliser un portrait d’une célébrité. On leur accordait environ deux semaines pour créer ces portraits, et, à la fin, la célébrité avait la possibilité de les voir, de faire part de ses réactions et d’en choisir un pour sa propre collection. Roméo Dallaire a eu une réaction très intéressante par rapport à ce portrait en particulier. Même s’il aimait l’œuvre d’art elle-même, il trouvait trop difficile de la regarder, parce qu’elle montre vraiment sa peine et ses remords.
    AA : Quels sont les trois mots associés à ce portrait?
    CC : Les trois mots que nous avons choisis pour Roméo Dallaire sont soldat, humanitaire – bien entendu parce qu’il a été nommé au Sénat en 2005 et qu’il est devenu un fervent défenseur des victimes de génocide – et le troisième est témoin. Je pense que cela accompagne vraiment bien ce portrait, car on peut voir les souvenirs qui se bousculent dans son esprit d’avoir vécu un traumatisme aussi dévastateur.
    AA : Comme dans le cas de Kim Campbell, le portrait de Roméo Dallaire est accompagné d’un enregistrement audio. De quoi parle-t-il?
    CC : On a demandé à Roméo Dallaire de réagir à son portrait, d’expliquer ce qu’il ressent. Parce que je pense que de nombreux visiteurs, en voyant le portrait, ont une réaction émotionnelle. Nous voulions donc savoir ce qu’il en a pensé, et il nous a vraiment parlé du traumatisme d’avoir été témoin de cette tragédie meurtrière, et, finalement, de son sentiment d’échec de ne pas avoir pu l’empêcher.

    Romeo Dallaire: Il est tout de même surprenant et je dirais même un choque de voir à quel point qu’un artiste a pu déceler au sein de mon âme, par l’entremise de cette analyse de mon visage et de mes yeux, l’énorme souffrance qui y existe toujours dû au fait qu’avoir été témoin a cette destruction massive d’un million d’être humain au Rwanda, que dans ces moments les plus critiques, la communauté internationale n’a, non seulement abandonné sa force onusienne sur le terrain, mais encore pire les promesses au rwandais, de leurs amener un atmosphère de sécurité. L’âme est pleinement présentée comme meurtri et encore en Afrique avec les esprits qui promènent toujours les milles collines du Rwanda.
    AA : Vous essayez de raconter des histoires de plusieurs façons différentes dans cette exposition. Pouvez-vous nous expliquer quelles techniques vous avez utilisées pour y arriver?
    CC : Certainement. Je pense qu’un très bon exemple est que nous avons créé des regroupements autour de certaines personnalités, ce qui signifie que nous avons plusieurs portraits d’une même personnalité réalisés au fil du temps et pour différentes raisons également, ce qui à mon avis contribue à raconter une partie de l’histoire visuellement lorsqu’on les regarde. Prenons par exemple notre regroupement de portraits des quintuplées Dionne. Les quintuplées Dionne – dont l’histoire très tragique est bien sûr connue de la plupart des gens — sont nées en 1934. Les cinq sœurs sont nées dans une petite ville de l’Ontario et ont miraculeusement survécu. Le gouvernement provincial a retiré les enfants à leurs parents pour les placer dans une résidence-hôpital spécialement aménagée, appelée Quintland. C’est devenu essentiellement la plus grande attraction touristique du Canada. Pendant neuf ans, plus de 3 millions de personnes ont visité Quintland pour admirer ces adorables petites filles dans leurs tenues conformes à un code de couleurs.
    AA : Parce qu’elles étaient cinq…
    CC : Cinq, c’est exact. Et chacune portait des tenues correspondant à sa couleur, et elles jouaient en faisant semblant de ne pas être conscientes de la présence des visiteurs, même si elles vivaient essentiellement derrière un écran de verre. Mais, en 1999, le gouvernement de l’Ontario a accordé une compensation financière de quatre millions de dollars aux trois sœurs survivantes pour les neuf années d’exploitation. Il s’agit donc d’une histoire très tragique qui est assez bien connue, des livres et des films ont d’ailleurs été produits sur les quintuplées. Il était donc important de traiter cette histoire d’une façon très respectueuse en raison de son caractère tragique.
    AA : Mais, d’abord, pourquoi avez-vous choisi cette histoire?
    CC : Ici encore, je pense que l’idée n’est pas uniquement de glorifier des héros et des événements, notre histoire est marquée par différents types d’événements, et je pense qu’il est important de se souvenir de certaines des plus tragiques histoires, et des histoires d’exploitation. Donc, pour les quintuplées Dionne, nous avons regroupé un certain nombre d’œuvres ensemble. Nous avons une photographie d’elles lorsqu’elles étaient bébés avec l’un de leurs médecins, nous avons également une publicité d’assez grand format, car leur image a été utilisée pour annoncer différents produits, on peut donc voir qu’on les exploitait alors qu’elles n’étaient que de jeunes enfants. Et nous avons également une peinture à l’huile réalisée par Andrew Loomis, en 1950. Il était en quelque sorte le peintre officiel des quintuplées Dionne, et ses œuvres ont servi de base à la confection d’un calendrier qui aurait été vendu. Et l’œuvre que nous avons est une des peintures qui a été reproduite dans le calendrier, elle s’intitule Out for Fun, on peut y voir les cinq filles adolescentes autour d’un feu de camp en train de faire griller des hot-dogs, de jouer de la guitare et de chanter. Elle représente une vision très idéalisée d’un moment joyeux qui est en contraste absolu…
    AA : Cela n’aurait jamais été possible…
    CC : …C’est en contraste absolu avec ce qu’était leur vie.
    AA : Il n’y a pas de feu de camp dans une cage en verre.
    CC : C’est exact, et ce que nous avons fait c’est que nous avons juxtaposé ces images d’exploitation avec un portrait plus contemporain réalisé par Bryan Adams, il s’agit d’une photographie prise en 1999, qui fait partie d’un livre qu’il a publié. Ce portrait montre les trois sœurs survivantes. Il s’agit d’une image assez austère, elles portent des vêtements noirs et gris et sont assises sur les marches d’un escalier blanc, on peut voir qu’elles sont assises très près les unes des autres, comme pour montrer leur solidarité, qu’être ensemble les trois est leur seule voie pour survivre et traverser la vie. Cette photographie a été prise l’année qui a suivi l’obtention de la compensation du gouvernement de l’Ontario.
    AA : En effet, il s’agit d’une histoire tragique de l’histoire canadienne… dont il faut se souvenir. La plupart d’entre nous connaissent la carrière musicale de Joni Mitchell, mais qu’ignorons-nous à son sujet? Quelle est sa volte-face?
    CC : Eh bien, je pense que la plupart d’entre nous la connaissent en tant que chanteuse folk, mais en fait elle se considère avant tout comme une artiste. Elle a étudié les beaux-arts, bien qu’elle ait quitté l’école des beaux-arts pour poursuivre sa carrière musicale, elle a mené une carrière de peintre tout au long de sa vie. En fait, le portrait que nous avons est une autre photographie réalisée par Barbara Woodley. Joni Mitchell est posée assise par terre devant l’une de ses peintures. On peut donc voir qu’elle a choisi de se représenter elle-même davantage comme artiste visuelle que comme musicienne, mais bien sûr elle a eu une carrière remarquable et elle a connu la célébrité grâce à des chansons comme « Big Yellow Taxi », « Woodstock » ou « Both Sides Now » qui ont fait sa renommée. Mais ce qui est intéressant de savoir au sujet de Joni Mitchell c’est qu’à l’âge de 9 ans, elle a contracté la poliomyélite, ce qui a affecté de façon permanente la force dans son bras gauche, et c’est ce qui a fait que, oui, c’est avec ce bras qu’elle aurait tenu…
    AA : C’est justement ce à quoi je pensais...
    CC : Ce qui est difficile si vous n’avez pas suffisamment de force dans cette main, et c’est donc la raison pour laquelle elle a compensé et créé ses propres positions d’accords ou qu’elle a positionné ses doigts sur la plaque de touche comme elle le fait. Elle a donc développé un style très unique, mais cela a également eu une incidence sur ses rythmes, qui penchent davantage vers les rythmes de jazz que vers le folk et le rock léger, comme nous aurions tendance à le croire. Et cela a eu une incidence sur sa carrière; elle a enregistré des albums jazz, et elle a même collaboré avec le grand musicien jazz Charles Mingus. J’ai lu une entrevue très intéressante avec Joni Mitchell, dans laquelle elle racontait qu’elle a eu l’occasion une fois de rencontrer l’artiste américaine Georgia O’Keeffe, qui est également une inspiration pour elle. Georgia O’Keeffe lui aurait dit : « Tu sais, tu auras à prendre une décision à savoir si tu veux être une artiste ou si tu veux être une musicienne, parce que tu ne pourras pas vraiment être les deux. », et elle a répondu : « Oh non, je vais être les deux. », et c’est ce qu’elle a fait, c’est vraiment incroyable.
    AA : Une fois le montage de l’exposition fait, qui ressort? Quel personnage à votre avis est le plus intéressant ou le plus surprenant?
    CC : Eh bien, l’une de mes histoires préférées – parce qu’elle couvre vraiment toute la gamme des histoires, qu’elles soient inspirantes, provocantes, tragiques ou légères – est une histoire légère que j’aime beaucoup et qui semble toucher les visiteurs également. Elle concerne Gilles Villeneuve. Comme nous le savons, cette année marque le 30e anniversaire de sa mort tragique dans un accident de voiture alors qu’il participait à un tour de qualification du Grand Prix de Belgique. Lorsque Gilles Villeneuve a commencé sa carrière de coureur automobile, il était un jeune mécanicien ayant du mal à joindre les deux bouts et qui ne pouvait pas se payer beaucoup des outils dont il avait besoin pour réparer les voitures. Il semble donc qu’il « empruntait » ou volait des outils au magasin Canadian Tire, mais je pense qu’il s’est toujours senti coupable et qu’il a toujours voulu rembourser sa dette. Aussi, après que sa carrière a pris son envol et qu’il a remporté six courses du Grand Prix, il a remboursé sa dette en remettant un chèque de 9 000 $ au magasin, et ses gérants ont pris des dispositions pour qu’un écrivain anonyme écrive une chronique utilisant le nom de Villeneuve afin que le magasin Canadian Tire puisse tirer profit de cette publicité.
    AA : Je me demande ce que la personne qui a reçu le chèque a dû penser. Un don? Pas exactement…
    CC : C’est là une façon de faire vraiment canadienne!
    AA : Très polie!
    CC : Très polie, en effet. Je trouve donc qu’il s’agit d’une histoire très intéressante, et l’image que nous avons choisie est une photographie d’Allan de la Plante prise en 1979, il s’agit d’un gros plan de Gilles Villeneuve qui attend dans son véhicule à la ligne de départ d’une course, et on peut voir la détermination dans ses yeux. Mais ce qui est fort intéressant c’est qu’il a toujours été commandité par la compagnie Marlboro, un fabricant de cigarettes et la Brasserie Labatt, on voit donc toujours ces logos bien en vue sur son casque. Mais, ironiquement, j’ai lu que Gilles Villeneuve n’a jamais fumé et n’a jamais consommé d’alcool, il était toutefois un panneau ambulant pour ces entreprises.
    AA : Alors, comment un coureur automobile trouve-t-il sa place dans cette exposition? Quelle est la volte-face dans ce cas-ci? Est-ce le fait qu’il ne buvait pas et ne fumait pas et qu’il faisait la promotion de ces produits?
     
    CC : Oui. Et je pense aussi que lorsqu’on voit ce coureur automobile on pense à la force et à la vitesse…
    AA : Et au contrôle…
    CC : Au contrôle, en effet. Et parallèlement, en ce qui me concerne, à sa politesse et au devoir qu’il s’est imposé de rembourser sa dette, il ne gagnait pas beaucoup d’argent en tant que jeune mécanicien, et il a volé ces outils, mais il tenait à rembourser sa dette au magasin.
    AA : Nous avons davantage discuté des personnalités canadiennes contemporaines présentées dans cette exposition. Y a-t-il également des personnalités historiques?
    CC : Oui, les œuvres s’étendent sur environ quatre siècles. Nous avons certaines estampes des explorateurs Jacques Cartier et Samuel de Champlain, et, en fait, l’une de nos œuvres les plus anciennes date de 1771. Il s’agit d’un magnifique portrait de Frances Brooke, qui est considéré comme ayant écrit le premier roman canadien.
    AA : Vraiment?
    CC : Oui, ce qui est très intéressant. Et d’une certaine façon il s’agissait d’une œuvre promotionnelle qui visait notamment à encourager les Britanniques à visiter la colonie. Peut-être n’étions-nous pas si sous-développés après tout. Nous avons également de fantastiques peintures à l’huile de James Wolfe et du marquis de Montcalm.
    AA : Excellent. Et toutes ces œuvres sont accessibles à Bibliothèque et Archives Canada? Elles font partie de la collection?
    CC : Toutes ces œuvres font partie de la collection de Bibliothèque et Archives Canada. Nous avons également un prêt fabuleux qui fait partie de cette exposition, il s’agit d’un prêt du Musée d’art du Centre de la Confédération, à Charlottetown. C’est une œuvre d’Edward Poitras intitulée Some Were Heroes, il s’agit d’une représentation contemporaine d’un portrait de Louis Riel. C’est une image très spirituelle qui se trouve dans un caisson lumineux obscurci qui est suspendu par un nœud coulant noir, c’est une œuvre très impressionnante qui fait partie d’un regroupement autour de Louis Riel, le chef métis. Il est intéressant de voir le point de vue d’un artiste autochtone par rapport à d’autres représentations que nous avons de Louis Riel.
    AA : Selon vous, quel est le message central de cette exposition? Qu’est-ce que quelqu’un peut en retenir?
    CC : Je pense que le concept qu’une image vaut mille mots est tout à fait vrai, et je pense qu’à première vue on peut avoir une impression d’une personne, mais il y a encore beaucoup à découvrir de son histoire. Et ce que j’espère c’est que les gens apprendront toutes sortes de faits intéressants, et que cela suscitera le dialogue, qu’ils rentreront chez eux en disant : « Hé, savais-tu ça au sujet de telle personne? » et qu’ils réaliseront que l’histoire canadienne est remplie d’anecdotes intéressantes. Les portraits sont en quelque sorte une fenêtre vers la découverte de ces anecdotes, mais il reste encore une quantité incroyable de renseignements conservés dans une institution comme Bibliothèque et Archives Canada. J’espère donc que les gens poursuivront leurs propres recherches.
    AA : Ce que je trouve intéressant également ce sont ces trois mots que vous avez choisis comme descripteurs. Les gens peuvent se dire qu’ils connaissent le premier et même le second, mais le troisième les fait regarder le portrait d’une manière totalement différente. Je trouve cela vraiment intéressant, surprenant et captivant.
    CC : Et je suis persuadée que bien des gens vont nous critiquer pour les mots que nous avons choisis également, et je crois que c’est bien. Nous voulons entamer ce dialogue entre l’institution et les visiteurs, car, encore une fois, comment peut-on résumer les accomplissements d’une personne en trois mots? C’est impossible.
    AA : En effet.
    CC : Je suis donc convaincue que beaucoup de visiteurs trouveront leurs propres façons créatives d’interpréter ces personnages.
    AA : À quoi peuvent s’attendre les personnes qui visiteront la collection en ligne?
    CC : Eh bien, toutes les œuvres de l’exposition Volte-face sont accessibles en ligne, on peut donc consulter toutes ces images. J’invite également les gens à visiter notre nouveau Portail des portraits, qui rend disponibles plus de 15 000 portraits de la collection de Bibliothèque et Archives Canada, vous pouvez donc faire une exploration plus approfondie.
    AA : Vous pouvez créer vos propres histoires, vous pouvez trouver quelle est la volte-face dans ces portraits également!
     
    CC : Exactement, et vous pourrez découvrir encore plus de portraits des mêmes personnalités dont nous avons parlé aujourd’hui. Je vous recommande également d’effectuer une recherche dans les fonds d’archives parce qu’on y retrouve des documents extraordinaires qui fournissent d’autres pièces manquantes du casse-tête.
    AA : Je vous remercie beaucoup Carolyn d’être venue nous parler de l’exposition Volte-face. Elle semble vraiment intéressante!
    CC : Merci de m’avoir invitée.
    AA : Si vous désirez visiter l’exposition Volte-face de Bibliothèque et Archives Canada, vous pourrez le faire du 22 septembre 2012 au 24 février 2013 à la Galerie McMichael, à Kleinberg, en Ontario.
    Pour de plus amples renseignements au sujet des expositions accessibles, et pour visiter l’exposition virtuelle en ligne, consultez notre page d’accueil à : www.bac-lac.gc.ca.

    Sur la page d’accueil, vous pourrez aussi en apprendre davantage sur la vaste collection de portraits de Bibliothèque et Archives Canada et accéder au nouveau Portail des portraits en ligne, présentant plus de 15 000 images récemment numérisées.
     
    Merci d’avoir été des nôtres. Ici Angèle Alain, votre animatrice. Vous écoutiez Découvrez Bibliothèque et Archives Canada – votre fenêtre sur l’histoire, la littérature et la culture canadiennes. Un merci tout spécial à notre invitée d’aujourd’hui, Carolyn Cook.
     
    Pour plus d’information sur nos balados ou si vous avez des questions, commentaires ou suggestions, veuillez consulter notre site à : www.bac-lac.gc.ca/balados.

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