Un visage, un nom et le Nord canadien

Photo d'une jeune fille inuite portant un enfant dans un porte-bébé, Taloyoak (anciennement SpenceBay), Nunavut, vers 1961

Vous êtes-vous déjà interrogé sur les visages non identifiés sur vos vielles photos de famille? Qu'arriverait-il si toute une communauté avait été photographiée, mais jamais identifiée? C'est ce qui est arrivé dans le Nord canadien au cours du dernier siècle. Aujourd'hui, nous vous présentons Un visage, un nom, un projet d'identification de photos fondé sur la participation communautaire, lancé en 2004 par Bibliothèque et Archives Canada.

Durée : 22:10

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Date de publication : 9 février 2012

  • Transcription d'épisode 1
    Angèle Alain : Bienvenue à Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire. Ici Angèle Alain, votre animatrice. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors que recèlent nos collections numériques, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, qui protègent et qui font connaître le patrimoine documentaire du Canada.

    Entre 1869 et la fin des années 1930, environ 100 000 enfants de 2 à 14 ans quittent la Grande Bretagne pour se rendre au Canada. Des organismes religieux et philanthropiques, surtout motivés par le contexte socioéconomique, encouragent le mouvement migratoire des enfants parce qu’ils sont convaincus que plusieurs enfants orphelins, abandonnés et pauvres auront l’occasion de commencer une nouvelle vie au Canada.

    Après un long voyage, les enfants sont accueillis dans des familles partout au pays, où ils sont embauchés comme main d’œuvre agricole et aide domestique bon marché. Certains ont une nouvelle vie très difficile, mais d’autres s’épanouissent dans leur nouvel environnement et font en fin de compte leur vie au Canada.
     
    De nos jours, près de 11 % des Canadiens ont un petit immigré anglais dans leur lignée; il s’agit donc d’un facteur qui a joué un rôle important dans la croissance et le développement du pays.
     
    Dans cette émission, nous recevrons John Sayers, membre de la British Isles Family History Society of Greater Ottawa, connue aussi comme la BIFHSGO, une société de généalogie de la grande région d’Ottawa. Nous discuterons avec lui de la vie de ces enfants, des difficultés qu’ils doivent surmonter et de l’histoire incroyable de certains d’entre eux qui parviennent à s’épanouir dans ce jeune pays qu’est alors le Canada.

    Également, la généalogiste Marthe Séguin Muntz viendra nous parler de la richesse des ressources offertes par Bibliothèque et Archives Canada à ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur cet important mouvement migratoire. Elle nous expliquera comment utiliser ces ressources pour reconstituer la vie d’un petit immigré anglais, et elle nous donnera des conseils d’expert sur la façon d’utiliser les outils de recherche pour mieux connaître notre histoire familiale.

    Bonjour John. Je vous remercie d’être ici aujourd’hui. Pouvez vous nous expliquer ce qu’est la BIFHSGO?

    John Sayers : La Société a été créée vers 1993 ou 1994, quand elle a reçu ses documents de constitution en personne morale. Elle encourage, facilite, préserve et diffuse la recherche sur les habitants des îles britanniques qui ont immigré ici.

    AA : Je pense que la Société travaille en partenariat avec Bibliothèque et Archives Canada sur un certain nombre de projets. Pouvez vous nous en parler?

    JS : On a commencé le travail en 1994, avec la grande base de données sur les petits immigrés anglais, qui était fondée sur les listes de passagers des navires. C’est peut être à la toute première conférence de la Société, ou alors à la deuxième, que Dave Lorente et sa femme Kay ont fait un exposé sur les petits immigrés anglais. La plupart d’entre nous ne savaient pas du tout qui étaient ces petits immigrés; on n’en avait jamais entendu parler. Pendant l’exposé, Dave a dit qu’on avait désespérément besoin d’une base de données qui comprendrait le plus de noms possibles de petits immigrés anglais. J’écoutais l’exposé et je me disais que la Société était toute jeune, et qu’on n’avait ni grande raison d’être, ni grands projets, contrairement à la Ontario Genealogical Society, qui travaille à l’enregistrement des données des cimetières. Alors j’ai pensé que ce serait un bon projet pour nous, parce qu’on est à Ottawa, proche de Bibliothèque et Archives Canada, et qu’on a beaucoup de membres. Il y en a 500 maintenant, alors c’est une grande organisation d’histoire familiale.

    AA : Et il y a un besoin pour les petits immigrés anglais…

    JS : Il y avait un besoin urgent. Alors j’ai fait la proposition à une de nos réunions et les membres ont aimé l’idée. Ensuite, ils sont allés à BAC. Je ne sais pas qui exactement, mais quelqu’un y est allé et a conclu une entente : on fournit les noms et la base de données, et BAC s’occupe d’héberger la base de données sur son site Web.

    AA : Donc vous faites l’index des noms et BAC se charge de l’héberger?

    JS : C’est ça. On y tenait vraiment, parce que BAC va probablement toujours exister; mais la plupart des organismes durent 10, 15, 20 ans, puis ils disparaissent, et alors, qu’est ce qui arrive avec la base de données?

    AA : C’est vrai.

    JS : Alors on était très heureux de l’entente.

    AA : Qui sont les petits immigrés anglais au Canada?

    JS : Ce terme désigne les enfants qui sont confiés à des sociétés philanthropiques en Angleterre, associées généralement à des organismes religieux, et qui sont envoyés dans une maison d’accueil temporaire de notre pays. En général, ils y restent seulement un jour ou une semaine, parfois deux, selon l’âge qu’ils ont. Parfois ils y restent jusqu’à six mois, mais après on les envoie travailler sur une ferme ou comme domestique; ils travaillent sur une terre ou dans une maison.

    AA : Marthe Séguin Muntz est avec nous pour discuter des ressources documentaires de BAC sur les petits immigrés anglais. Elle nous dira pourquoi tant d’enfants sont envoyés au Canada.

    Pouvez vous nous expliquer pourquoi les petits immigrés anglais sont envoyés au Canada?

    Marthe Séguin-Muntz : Les temps sont durs pour les familles et dans les villes. Les parents sont malades ou pauvres, et ils ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants. Pensons par exemple à une veuve qui a sept ou huit enfants. Je me souviens d’avoir fait une recherche sur une femme qui a perdu son mari et qui est elle-même décédée par la suite. Ses sept enfants ont dû être placés dans des maisons en Angleterre.

    AA : Donc les pensionnats anglais commencent à être pleins?

    MS-M : Les foyers pour enfants se remplissent, il y a la révolution industrielle, on manque de travail et les gens ont beaucoup de difficultés à subvenir aux besoins de leur famille. Beaucoup d’enfants sont donc envoyés dans des foyers en Angleterre. Le Canada, pour sa part, a besoin de main d’œuvre. Les fermes couvrent de grandes superficies, les agriculteurs ont besoin d’aide et on pense que les enfants auraient avantage à respirer l’air de la campagne plutôt que de vivre dans des villes surpeuplées comme Londres.

    AA : Le but est donc de leur donner une chance. Quand les enfants arrivent au Canada, qu’est-ce qui se passe?

    JS : La plupart des enfants arrivent d’abord dans une maison d’accueil temporaire au Canada. Là, les agriculteurs et leurs femmes viennent les examiner. Les enfants sont mis en rang et les agriculteurs disent « je vais prendre celui ci », « je vais prendre celle là ». Mais ça, c’est arrivé un peu plus tard; quand les tout premiers enfants arrivent, les gens vont les rencontrer dans les trains qui partent de la ville de Québec, souvent pour aller à Toronto ou à Hamilton. Ils montent à bord des trains et prennent quelques enfants ici et là. Il n’y a presque pas de contrôle pour ces enfants là.

    AA : Est ce qu’on sait combien il y a eu de petits immigrés anglais au total?

    JS : Eh bien, selon le document parlementaire de 1936 que j’ai ici, un merveilleux petit document, 97 872 petits immigrés anglais avaient fait la traversée à ce moment là. Le document donne aussi une liste de maisons.

    AA : Avec le nombre d’enfants?

    JS : Le document dit qu’il y a de petites agences, et il y en a beaucoup. On compte environ 50 agences au fil des ans; certaines durent très peu de temps et accueillent seulement 20 enfants.

    AA : Combien d’enfants vivant de nos jours sont ils des descendants des petits immigrés anglais?

    JS : On dit qu’environ 11 % des Canadiens auraient un petit immigré anglais dans leur histoire familiale.

    AA : Onze pour cent! Il va falloir que je vérifie si j’en ai un.

    JS : C’est parfois surprenant de voir qui en a un! Gilles Duceppe a un petit immigré anglais dans sa lignée, un jeune garçon de Londres. Il en a parlé de belle façon quand le gouvernement canadien a fait de l’année 2010 l’année des petits immigrés anglais. C’est un projet de loi d’initiative parlementaire qui a été adopté par la Chambre des communes, et ils ont tous parlé en bien du mouvement. C’était excellent, et Gilles Duceppe a prononcé un très bon discours.

    AA : Quelle est la plus grande difficulté pour les petits immigrés anglais qui vivent au Canada?

    JS : C’est surtout la solitude, la solitude absolue.

    AA : Je peux l’imaginer.

    JS : Ceux qui arrivent ont souvent passé du temps dans des maisons avec d’autres enfants. Par exemple, l’organisation Barnardo a un endroit qui s’appelle Girls’ Village, le village des filles. Environ 20 enfants y habitent dans chaque maison, et une dame prend soin de chaque groupe de 20. Les enfants ont toujours des amis ou des enfants qui ont les mêmes problèmes qu’eux pour les accompagner. Et soudainement, ils se retrouvent sur une ferme isolée et sont parfois maltraités, surtout les filles. Alors la solitude est le principal problème, le fait qu’ils sont loin de leurs amis et de la plupart des personnes à qui ils pourraient parler. Ils ne savent pas non plus pourquoi ils ont été envoyés ici. C’est le cas de la plupart d’entre eux, comme Art Monk, que je connaissais très bien (il est mort il y a deux ans à l’âge de 97 ans); c’est la question qu’il se posait constamment : « Pourquoi? Pourquoi j’ai été envoyé? » Ses parents étaient toujours en vie, mais lui et ses deux frères, qui sont arrivés avant lui, ont été envoyés au Canada. Pourquoi?

    AA : Hmm.

    JS : Vous savez, certains parviennent à s’en tirer et s’en sortent très bien. On en retrouve beaucoup parmi les prêtres catholiques romains, les ministres méthodistes, les pasteurs anglicans et les missionnaires. Beaucoup deviennent missionnaires. Et je dirais qu’autour de 200 enfants sont juifs. Un des enfants juifs est un jeune garçon connu sous le nom de « Two Gun » Cohen, qui aurait quitté la Hayes Industrial School pour venir travailler au service de son oncle en Saskatchewan. Il n’est pas heureux de sa situation, alors il se rend chez un éleveur ou un agriculteur méthodiste des environs, qui est accompagné par un homme de 19 ans, un excellent joueur de cartes. Avec ce jeune homme, Cohen apprend à très bien jouer, et ils parcourent ensemble les bars et d’autres endroits des Prairies pour gagner de l’argent en jouant aux cartes. Cohen finit par devenir général dans l’armée chinoise; c’est pour ça qu’on l’appelle « Two Gun » Cohen. Il est enterré en Angleterre, à Manchester, et on dit que son enterrement est la seule occasion où les communistes chinois et le parti nationaliste de Chine, le Kuomintang, ont assisté ensemble à des funérailles. Ce garçon devait être très populaire!

    AA : Voilà une histoire passionnante! Cela veut donc dire que beaucoup de petits immigrés anglais qui viennent au Canada restent ici et réussissent à s’épanouir en tant qu’adultes?

    JS : Dans la population en général, il y en a toujours qui réussissent et d’autres non. Je dirais que sur 5 000 enfants, environ 5 % ont de la difficulté, beaucoup de difficulté, et ne s’épanouissent pas. Malheureusement, un certain nombre se suicident.

    AA : Quand on pense à leur expérience…

    JS : Certains meurent de la maladie; ils viennent de régions pauvres et la tuberculose est très répandue à cette époque là, alors il y en a beaucoup qui meurent de la tuberculose. D’autres s’enfuient aux États Unis et ne reviennent jamais. Ils sont plusieurs en fait, comme Wallace Ford, un acteur de Hollywood. Il finit par s’enfuir et voyage en train avec son ami. Son ami meurt dans un accident ferroviaire, alors il prend son identité et arrive en Californie, où il fait du très bon travail comme acteur dans des petits rôles et devient très respecté. Mais il n’utilise pas son vrai nom parce qu’il a pris l’identité de son ami. C’est ça le problème des petits immigrés anglais, ils disent rarement la vérité. Ils ne la connaissent pas. Ils n’en ont aucune idée. Ils ne savent pas où ils sont nés, et la moitié ignorent qui sont leurs parents. Ils ne savent rien, en fait.

    AA : Depuis combien de temps faites vous des recherches sur les petits immigrés anglais?

    JS : Depuis l’allocution de Dave Lorente en 1994.

    AA : C’est là que ça a commencé…

    JS : Et moi j’ai certaines affinités avec eux, car j’ai aussi travaillé dans une ferme quand je suis arrivé ici.

    AA : Vraiment?

    JS : Vous savez, la principale chose dont je me souviens quand je suis arrivé à la ferme, c’est que j’étais content de voir qu’ils avaient des tracteurs plutôt que des chevaux. Je n’avais jamais travaillé avec les chevaux et je n’avais pas envie de commencer. Ils avaient trois tracteurs et ça faisait bien mon affaire!
     
    AA : Alors ça vous donne une idée de ce que ça peut représenter, être un petit immigré anglais et venir travailler ici dans une ferme…

    JS : Exact. J’étais dans une famille presbytérienne; je n’étais pas presbytérien, mais j’allais à l’église avec eux. C’était une très bonne période pour apprendre à connaître le Canada. Je ne suis pas resté longtemps, parce que j’avais payé mon trajet pour venir ici. Je n’ai pas eu à rester deux ans, comme j’aurais dû le faire si la Maison du Canada avait payé mon voyage.

    AA : Quelles ressources peut on trouver à Bibliothèque et Archives Canada au sujet des petits immigrés anglais au Canada?

    MS-M : Les ressources sur les petits immigrés anglais se trouvent généralement sur la page d’accueil de l’immigration, parce que les groupes d’enfants sont essentiellement des immigrants — des groupes d’enfants venus d’Angleterre et des îles britanniques, certains d’Écosse et quelques uns même d’Irlande. La page des petits immigrés anglais est sur le site de Bibliothèque et Archives Canada. On y trouve de nombreuses listes de petits immigrés anglais, qui ont été compilées à partir des listes de passagers et qui ont été indexées au fil des ans. La BIFHSGO a exécuté un grand projet à ce sujet. Elle a constitué un index par noms pour la majeure partie de la base de données des petits immigrés anglais.

    AA : Par noms?

    MS-M : Par noms.

    AA : Alors les gens peuvent chercher un nom d’enfant dans la base de données?

    MS-M : C’est la première étape. Lorsque vous avez le nom de votre ancêtre ou d’une personne que vous connaissez, vous faites une recherche par nom dans l’index. Par contre, n’oubliez pas que l’indexation a ses limites, par exemple si les noms sont difficiles à prononcer ou peu répandus.

    AA : Donc l’orthographe du nom peut être différente de ce qu’on pense?

    MS-M : Exactement. J’ai vu le cas de la famille Stilgoe, qui s’épelle S T I L G O E. Il y a cinq enfants dans la famille et je pense avoir vu trois ou quatre façons d’écrire le nom : S T E L, S T I L, etc.

    AA : D’accord, alors il faut essayer plusieurs épellations.

    MS-M : Oui, c’est ce que l’on appelle la généalogie… Je compare souvent cela au Scrabble : on joue avec des lettres, comme dans ce jeu! Donc, on examine les listes de passagers et on trouve les enfants qu’on cherche. À partir de là, vous allez trouver le nom de famille, le prénom, l’âge et le sexe de l’enfant, le navire sur lequel il a fait la traversée et l’année de son arrivée.

    AA : Bien. Vous avez parlé des listes de passagers, mais si j’entre un nom dans la base de données, quels sont les autres types de documents que je peux trouver?

    MS-M : À partir des listes de passagers, vous pouvez aller sur la liste du Board of Guardians, qui est enregistrée sur un microfilm conservé par Bibliothèque et Archives Canada. La liste des noms a été numérisée, et les noms sont liés à la base de données. Alors vous trouverez peut être le nom de l’enfant sur cette deuxième liste, mais peut être pas. À partir de là, vous verrez les dossiers du registre central, une autre excellente ressource, même si elle n’est pas indexée par noms. Vous devez aller au groupe d’archives 76 [RG 76].

    AA : C’est quoi, ce groupe?

    MS-M : Ce sont les documents d’immigration des  autorités canadiennes. À partir de là, vous entrez le nom du pensionnat ou de la maison où les enfants sont hébergés à leur arrivée au Canada. Par exemple, on s’intéresse particulièrement à la maison Marchmont, à Belleville, qui a été fondé par l’Anglaise Annie Macpherson. Vous pouvez aussi entrer Hazelbrae, le foyer pour jeunes filles de Barnardo à Peterborough, ou la maison d’accueil de Niagara on the Lake, fondée par Maria Rye, la première personne à amener un groupe d’enfants au Canada. Vous pouvez aussi entrer les noms des organismes et du lieu où ils se trouvent. Voilà ce qu’est le groupe d’archives 76; les documents sont sur microfilm.

    AA : Quels types de documents peut on trouver dans ce groupe d’archives? Si j’entre le nom d’un pensionnat, qu’est ce que j’obtiens?

    MS-M : Vous trouverez une liste d’enfants, leur âge, et parfois leur date de naissance complète. Il y a aussi le nom de l’organisme où ils se trouvent, parce que nous cherchons des organismes en Angleterre. Par conséquent, en entrant le nom des organismes, vous obtenez la liste d’enfants, des notes et la correspondance entre les agents qui se sont chargés d’amener les enfants. Les groupes comptent parfois plus de cent enfants.

    AA : C’est ce qu’on peut découvrir en examinant les documents?

    MS-M : Exactement. Après avoir examiné les dossiers du registre central et le Board of Guardians, qui sont des sources anglaises, on passe généralement aux recensements. Supposons qu’un enfant arrive en 1904; vous pouvez examiner le recensement de 1911 pour voir dans quelle famille il vit.

    AA : On suit l’enfant à la trace, finalement…

    MS-M : On le suit depuis son arrivée, et même depuis son départ d’Angleterre puisque la date du départ est précisée sur la liste des passagers… Ils quittent l’Angleterre, traversent l’Atlantique, arrivent en groupe, puis ils sont « acheminés », comme on dit, à une maison au Canada. On les retrouve souvent au Nouveau Brunswick et en Ontario, et parfois au Québec; certains se rendent jusqu’au Manitoba et même, selon ce que j’ai entendu, en Saskatchewan. L’examen des recensements après l’arrivée des enfants fournit une foule d’information. Un petit truc : vous les cherchez par noms de famille, mais n’oubliez pas que leur nom est différent de celui de la famille dans laquelle ils vivent, car ils ne sont pas adoptés.

    AA : C’est comme une famille d’accueil?

    MS-M : Ils sont embauchés comme main d’œuvre agricole. Je connais quelques exemples de personnes qui arrivent au Canada et dont on retrouve le nom dans le recensement. Dans un cas précis, celui de Richard Palamountain, il arrive au Canada et il est envoyé à Knowlton, au Québec. On trouve son nom dans le recensement et dans les documents de la Première Guerre mondiale, car il décide de s’enrôler. Sa feuille d’engagement nous dit qu’il s’enrôle à Kingston, en Ontario. Son nom se trouve aussi sur des microformes numérisées, c’est à dire sur les cartes de décès qui informent Anciens Combattants de la mort d’un soldat. Une carte a été produite pour ce soldat; elle comprend le numéro d’enregistrement et d’autres informations. C’est donc dire que les recensements et les documents d’immigration permettent de suivre le parcours d’une personne au cours de l’histoire.

    AA : De leur vie entière!

    MS-M : Pratiquement. L’exemple de Richard Ernest Palamountain montre bien la diversité des ressources.

    AA : Pendant ses longues recherches à BAC, John Sayers a trouvé plusieurs ressources utiles; il va nous parler de celle qui lui a été la plus précieuse.

    JS : Les documents de la session sont une source extraordinaire. Extraordinaire! Un exemple typique est le rapport que j’ai ici et qui date de 1872; il porte donc sur l’année 1871. Il contient presque trois pages sur les navires qui amènent des immigrants, et il fournit l’origine des immigrants et leur nombre. N’oubliez pas qu’à cette époque, l’âge adulte est fixé à 12 ans. Toute personne âgée de moins de douze ans est considérée comme un enfant et les autres sont des adultes. C’est un peu déroutant.

    AA : C’est vrai, il faut le savoir.

    JS : Quand la liste des hommes et des femmes compte 150 hommes adultes, il peut y en avoir beaucoup qui sont âgés de 12 à 18 ans.

    AA : Exact. Ces documents de la session sont conservés à Bibliothèque et Archives Canada?

    JS : À la bibliothèque de Bibliothèque et Archives, qui comprend plusieurs étagères de documents en français et en anglais. Il y a de superbes photos de petits immigrés anglais qui ont été prises en 1904, 1905 et 1906. De très belles photos montrent des petits immigrés anglais, leurs maisons et des groupes d’enfants.

    AA : Ils sont sur des étagères? Ce n’est donc pas nécessaire de commander la boîte? Il s’agit de livres?

    JS : Les documents allant jusqu’aux années 1930 sont sur les étagères. La période des petits immigrés anglais qui nous intéresse est donc couverte.

    AA : Alors Marthe, rapidement, où pouvons nous commencer des recherches sur les petits immigrés anglais?

    MS-M : Pour commencer, visitez le site Web de Bibliothèque et Archives Canada, et particulièrement la section Généalogie et histoire familiale. Vous y trouverez la section sur l’immigration, dans laquelle se trouve la page sur les petits immigrés anglais. Il y a une page entière sur les petits immigrés anglais, qui décrit les documents qui sont accessibles en ligne, numérisés et indexés. Cette page, cet index, mène aussi à d’autres organismes comme la BIFHSGO. Elle donne aussi un lien vers la base de données des petits immigrés anglais, les listes de passagers. Elle fournit également un lien et de brèves explications sur la façon de chercher des dossiers du gouvernement du Canada qui sont accessibles par microfilm. Si vous venez à Ottawa, vous pouvez examiner les microfilms et en obtenir des copies. C’est vrai aussi pour les fiches d’examens des enfants. Elles sont également sur microfilm, classées par ordre alphabétique. Des copies des dossiers de l’agence Middlemore sont aussi disponibles. Allez voir le site Web. De nouveaux documents numérisés, des index et d’autres ressources y sont constamment ajoutés. C’est notre travail, c’est ce que nous aimons faire. Aussi, de nombreux livres ont été publiés sur les petits immigrés anglais. Certains descendants ont décidé de publier des livres à ce sujet et il y en a beaucoup. Notre base de données AMICUS contient des livres publiés sur les petits immigrés anglais.

    AA : Merci beaucoup d’être venue nous voir aujourd’hui, Marthe.

    MS-M : De rien, c’était un plaisir.

    AA : Pour en savoir plus sur les petits immigrés anglais du Canada et pour découvrir qui sont vos ancêtres, visitez les pages Généalogie et histoire familiale sur le site Web de Bibliothèque et Archives Canada. Pour y accéder, consultez notre page d’accueil au www.bac-lac.gc.ca.

    Merci d’avoir été des nôtres. Ici Angèle Alain, votre animatrice. Vous écoutiez Découvrez Bibliothèque et Archives Canada, votre fenêtre sur l’histoire, la littérature et la culture canadiennes. Je remercie nos invités d’aujourd’hui, John Sayers et Marthe Séguin Muntz.

    Pour plus d’information sur nos balados ou si vous avez des questions, des commentaires ou des suggestions, veuillez nous visiter à www.bac-lac.gc.ca/balados.

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