Trésors dévoilés épisode 7 – Sefer Torah

Coffre au trésor stylisé de couleur verte dans lequel se trouve la feuille d’érable de Bibliothèque et Archives Canada. Des rayons sortent du coffre. L’image porte le numéro 7. 

Dans le 7e épisode de Trésors dévoilés, nous parlons avec l'archiviste principale Christine Barrass d'un rouleau extraordinaire, ou Sefer Torah, qui fait partie de la collection de la synagogue Shearith Israel conservée à BAC. Ce rouleau est un document écrit à la main en hébreu par un scribe et mesure environ 35 mètres de long lorsqu'il est entièrement déroulé. Le Sefer Torah est considéré comme l'objet le plus précieux du judaïsme et constitue l'un des points forts des collections juives de BAC.

Durée : 12:25

Taille du fichier : 17.2 Mo Téléchargez MP3

Date de publication : 15 Novembre 2022

  • Transcription de Trésors dévoilés épisode 7

    Théo Martin (TM): Bienvenue à Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire. Ici Théo Martin, votre animateur. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors que recèlent nos collections, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, protègent et font connaître le patrimoine documentaire du Canada.

    Bienvenue à Trésors dévoilés!

    Dans cette série de balados, nous vous présenterons certains objets de la collection de Bibliothèque et Archives Canada, ou BAC. Dans chaque épisode, nous discuterons avec un employé de BAC pour mettre en lumière un élément qui, à son avis, représente un véritable « trésor » de la collection.

    Il peut s’agir de pièces rares, parfois inhabituelles ou précieuses, ou d’articles ayant une importance historique. Peut-être nos experts auront-ils également une histoire intéressante, voire fascinante à vous raconter! Tous mettront certainement en valeur notre vaste et riche collection qui constitue le patrimoine documentaire partagé par tous les Canadiens.

    Et maintenant, voici l’épisode 7, le Sefer Torah.

    TM: En 1768, de petits groupes de colons juifs partent d’Angleterre, d’Allemagne et des colonies américaines pour s’installer à Montréal. Ils forment la première congrégation juive au Canada et construisent la synagogue Shearith Israel. Lorsque les Archives nationales reçoivent le don d’une collection de documents de la synagogue, en 1979, les archivistes font une découverte excitante : un des trésors les plus importants de la synagogue, soit son document le plus ancien – un Sefer Torah. Selon la coutume juive, ce rouleau de parchemin est normalement enfoui lorsqu’il n’est plus utilisé. Cette Torah a plutôt été envoyée aux Archives. Pourquoi?

    Christine Barrass (CB): C’était la première Torah de la congrégation, et cette congrégation juive était la première au Canada. Il s’agissait donc du premier rouleau de la Torah de la première congrégation juive au Canada. Nous avons décidé, avec la congrégation, qu’il serait important de le conserver à BAC.

    TM: Christine Barrass est notre invitée pour cet épisode sur les trésors de la collection. Nous voulons savoir : qu’est-ce qu’un rouleau de la Torah et à quoi ça sert?

    CB: Il est surtout utilisé pour le rituel de la lecture de la Torah, pendant les prières juives. Il s’agit d’une copie manuscrite de la Torah, qui comprend les cinq premiers livres de la Bible hébraïque. C’est un texte sacré d’une importance extrême. Ce rouleau est l’un des biens les plus précieux d’une synagogue et d’une congrégation – peut-être même le plus précieux.

    De nombreuses synagogues ont plus d’un rouleau de la Torah. En ce moment, Shearith Israel en a une soixantaine. Bien entendu, on ne les utilise pas tous en même temps. Parfois, ils sont donnés en cadeau ou proviennent de différentes sources. La synagogue a donc toujours quelques rouleaux qu’elle utilise régulièrement, mais en ce moment, elle en a soixante.

    Comme son nom l’indique, un rouleau de la Torah est un rouleau de parchemin, un support en peau d’animal. Des morceaux de peau sont cousus pour former une très longue pièce qui est ensuite enroulée sur des chevilles. Quand le rouleau n’est pas utilisé, il est placé dans un endroit très précis de la synagogue, dans ce qu’on appelle une arche – c’est-à-dire une section spéciale fermée par des rideaux. Cette arche est construite le long d’un mur orienté vers Jérusalem, la direction vers laquelle les Juifs font face pendant leurs prières.

    Il faut environ un an pour produire un rouleau de la Torah puisqu’il est manuscrit. Le processus, très long et complexe, doit respecter de nombreuses règles que je n’expliquerai pas aujourd’hui. C’est un long travail qui est habituellement réalisé par un scribe professionnel. Ce n’est pas quelque chose qui peut être fait par n’importe qui.

    TM: Tous les rouleaux de la Torah, depuis l’époque de Moïse, comprennent 187 chapitres, 5 845 versets et 304 805 lettres. Ils sont toujours écrits sur des peaux d’animal cachères.

    Christine nous en dit plus long au sujet du rouleau que nous conservons à BAC.

    CB: Le rouleau que nous avons est assez gros. J’ai déjà essayé de le soulever… C’est possible, mais c’est difficile et très lourd. Il fait environ 75 centimètres de hauteur et 30 centimètres de diamètre lorsqu’il est enroulé. Je ne l’ai jamais vu complètement déroulé, alors je ne pourrais pas vous dire sa longueur, mais il doit mesurer au moins 35 mètres.

    Il se trouve actuellement dans un coffret de bois très grand et très lourd, fabriqué sur mesure. Il faut au moins deux personnes pour le transporter. Je ne pourrais pas le déplacer toute seule. Dans le coffret, accompagnant le rouleau, on trouve ce qu’on appelle un manteau, soit un revêtement en tissu qui recouvre le rouleau lorsqu’il n’est pas utilisé. Il est habituellement assez élaboré. Donc, en plus du rouleau, le coffret contient le manteau et beaucoup de matériel d’emballage sans danger pour les archives, pour empêcher le rouleau de bouger dans le coffret.

    Le parchemin est très usé. Il est décoloré et on peut y voir des marques. Certaines sections sont endommagées par le feu. Peut-être que quelqu’un l’a lu trop près d’une bougie, ou quelque chose du genre. Il est facile de voir que ce rouleau de la Torah a beaucoup servi au fil des ans.

    Lorsqu’il est arrivé aux Archives nationales, on pensait que le rouleau datait de l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492. Il aurait donc eu près de 500 ans à ce moment, ce qui en aurait fait un article extrêmement important pour BAC.

    Cependant, nous avons fait quelques recherches, en partie pour en connaître l’âge exact, mais aussi pour des questions d’assurances. Un bibliothécaire du Séminaire théologique juif des États-Unis l’a examiné avant d’affirmer que le rouleau était un peu moins vieux qu’on le croyait, datant probablement de la fin du 17e siècle ou du début du 18e siècle. Il a peut-être été rédigé en Afrique du Nord. Il est donc un peu plus récent qu’on le pensait, mais il est quand même assez vieux d’un point de vue canadien.

    TM: Vieux, mais pas aussi vieux qu’on le croyait, donc. Le Sefer Torah est un document magnifique d’une grandeur impressionnante qui a été utilisé régulièrement pendant plus de deux siècles. Comme ce rouleau de la Torah n’était plus en état de servir quand il a été donné à BAC, une sorte d’arche a été construite pour le conserver et le mettre en valeur. Elle a été conçue pour s’intégrer à l’architecture de la salle Jacob-M.-Lowy, où se trouve une collection exceptionnelle de plus de 3 000 articles judaïques et hébraïques, rares ou uniques, remontant jusqu’au 15e siècle. Pour en savoir plus sur la salle Jacob-M.-Lowy, écoutez l’épisode 45 de notre balado, « La salle des merveilles de M. Lowy », diffusé en mai 2018.

    Christine, comment avez-vous découvert cet article dans notre collection?

    CB: Je travaillais sur un guide portant sur les documents juifs dans la collection de BAC. Alors que je lisais la description des documents, j’ai vu qu’il y avait un rouleau de la Torah, et je trouvais ça étonnant. Je suis donc allée le voir à Renfrew – où il était entreposé à ce moment-là – pour voir dans quel état il était. C’est comme ça que je l’ai découvert. À partir de là, j’ai fait quelques recherches, et comme par enchantement, le rouleau revenait sans cesse comme point d’intérêt. Alors je ne sais pas si c’était ma volonté ou [rires] si c’était juste un heureux hasard.

    TM: Nous avons demandé à Christine ce qui fait de cet article un trésor.

    CB: Les collections d’archives de BAC sont incroyables et je crois que n’importe qui pourrait facilement y trouver des trésors. On pourrait même dire que tout ce qu’on a est un trésor. Je trouve cet article intéressant pour plusieurs raisons. Il est assez rare de trouver un rouleau de la Torah dans une collection d’archives, ce qui explique en partie son intérêt.

    Personnellement, je pense que je m’y suis surtout intéressée en 2018, lors du 250e anniversaire de la synagogue Shearith Israel. J’ai pu participer à une célébration organisée à BAC justement parce que nous conservons ce rouleau.

    Nous avons organisé une activité spéciale. Le rouleau était mis en valeur dans la salle, partiellement déroulé, pour que les gens puissent le regarder. Des fidèles de la synagogue sont venus de Montréal en autobus pour le voir. Les gens étaient excités et heureux de leur visite. Ils prenaient des photos avec le rouleau. C’était un moment assez émotif pour certains d’entre eux. Vous savez, ils n’avaient pas vu le rouleau depuis longtemps et, d’une certaine façon, je pense que ça leur permettait d’établir un lien avec leurs ancêtres et leur propre histoire.

    Personne ne connaît l’âge ou le parcours de cet article. Il pourrait raconter tellement d’histoires! Le fait qu’une congrégation y tienne à ce point est important aussi. La riche histoire de ce rouleau me fait croire que c’est un des trésors de BAC.

    TM: Si vous souhaitez voir des photos du Sefer Torah, consultez la page Flickr de BAC. Vous y trouverez un album intitulé Trésors dévoilés. Nous mettrons cet album à jour à chaque nouvel épisode pour que vous ayez la chance de voir les trésors dont nous parlons.

    Merci d’avoir été des nôtres. Ici Théo Martin, votre animateur. Vous écoutiez « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada — votre fenêtre sur l’histoire, la littérature et la culture canadiennes ». Nous remercions chaleureusement notre invité d’aujourd’hui, Christine Barrass. Merci également à Isabel Larocque et Melissa Beckett pour leur contribution.

    La musique de cet épisode est tirée de la banque Blue Dot Sessions.

    Cet épisode a été conçu, réalisé et monté par David Knox, avec un montage supplémentaire de Tom Thompson.

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Animateur : Théo Martin, Archiviste, Archives des arts de la scène

Invitée : Christine Barrass, Archiviste principal

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