Explorer le passé familial : la généalogie au Canada

Photographie représentant des immigrants galiciens (ukrainiens).

Bon nombre de Canadiens souhaitent de plus en plus en apprendre sur leur patrimoine familial. Leur quête peut être simple au début, mais, souvent, elle devient le fruit du travail d’une vie. Dans cette émission, les conseillers en généalogie Sara Chatfield et Richard Lelièvre de Bibliothèque et Archives Canada se joignent à nous pour parler de la recherche en généalogie. Nous nous penchons sur la nature de cette science, les éléments qui la composent et le point de départ d’un projet dans ce domaine. Nous suggérons des ressources utiles et expliquons l’aide que Bibliothèque et Archives Canada peut vous apporter dans vos recherches en généalogie.

Durée : 17:47

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Date de publication : 26 mars 2015

  • Transcription d'épisode 20

    Jessica Ouvrard : Bienvenue à « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire ». Ici, Jessica Ouvrard, votre animatrice. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors dont recèlent nos collections, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, protègent et font connaître le patrimoine documentaire du Canada.

    Pour toutes sortes de raisons, de nombreux Canadiens s’intéressent de plus en plus à leur patrimoine familial. Souvent, ils commencent par des recherches assez simples, mais se lancent ensuite dans l’œuvre d’une vie. Pour trouver la trace de leurs ancêtres, ils étudient des documents historiques comme des registres paroissiaux, des recensements, des listes de passagers, des dossiers de service militaire et des titres de propriété. Ces documents sont conservés dans les archives, les bibliothèques et les musées provinciaux et territoriaux ainsi qu’à Bibliothèque et Archives Canada.

    Dans cette émission, deux conseillers en généalogie de Bibliothèque et Archives Canada, Sara Chatfield et Richard Lelièvre, nous parleront de la recherche généalogique. Nous allons définir la généalogie, en décrire les éléments et expliquer de quelle façon commencer les recherches. De plus, nous allons recommander des ressources et montrer comment Bibliothèque et Archives Canada peut aider à faire des recherches généalogiques.

    Si vous voulez voir des images en lien avec cette émission, allez à www.bac-lac.gc.ca/balados et regardez notre album sur Flickr tout en nous écoutant.

    Bonjour Sara.

    Sara Chatfield : Bonjour Jessica, comment allez-vous?

    JO : Très bien. Merci d’être ici aujourd’hui.

    SC : Ça me fait plaisir.

    JO : Pouvez-vous nous expliquer rapidement ce qu’est la généalogie, ou la recherche de l’histoire familiale, et préciser ce que ça implique?

    SC : Faire de la généalogie ou de la recherche en histoire familiale, c’est essayer d’identifier ses ancêtres. Les objectifs varient : on peut essayer de découvrir quand ses ancêtres sont venus au Canada, ou remonter une seule branche – celle du père ou de la mère. Certaines personnes se contentent de découvrir leur ancêtre le plus lointain le plus vite possible; d’autres font des recherches dans des documents d’origine comme des actes de naissance, des recensements, des documents militaires, des actes de baptême, etc., pour reconstituer la famille complète.

    JO : L’histoire familiale, c’est : elle est née à cette époque et ils sont morts en telle année dans un village X…

    SC : … et ils ont eu tant d’enfants.

    JO : Oui, ou ils se sont remariés, ont changé de nom, et vous pouvez voir différents…

    SC : Je pense que le bon vieux graphique en forme d’arbre est ce qui vient à l’esprit des gens quand ils pensent à la généalogie. D’autres y vont à fond et essaient de trouver des médailles militaires, des bibles familiales et des journaux personnels, parfois dans le but de publier un livre. J’essaie de respecter la décision du chercheur; je ne veux pas lui dire quoi faire.

    JO : Je vois. En quoi Bibliothèque et Archives Canada peut aider à faire des recherches généalogiques?

    SC : BAC fait un excellent travail en mettant sa collection en ligne, dans des bases de données facilement interrogeables. C’est le meilleur moyen de rendre les documents accessibles au public.

    JO : Bonjour Richard.

    Richard Lelièvre : Bonjour.

    JO : Merci d’être ici avec nous aujourd’hui.

    RL : C’est un plaisir.

    JO : Si quelqu’un veut entreprendre une recherche généalogique, par où doit-on commencer?

    RL : Chez lui! Il faut qu’il aille voir ses parents, il faut qu’il aille voir ses grands-parents, sa famille, quoi. C’est eux autres qui sont la source d’information primaire pour lui. À cause des lois de protection de l’information sur la vie privée, beaucoup d’information récente n’est pas disponible. Donc il faut aller voir les personnes encore vivantes, aller chercher l’information d’eux autres – puis avec ça, ça va nous faire un lien aux documents qui sont disponibles, aux documents d’archives qui sont disponibles.

    JO : Ok.

    RL : Après ça, je suggère aux gens de visiter leur société de généalogie locale. Encore là, des sources locales, pour l’information, c’est idéal. Souvent, les sociétés de généalogie offrent des ateliers même pour vous partir, comment vous présenter... C’est certain qu’on a sur notre site Web des conseils pour comment commencer. Même si vous nous posez la question, on va vous répondre. On va vous dire : « Bon bien, commencez de telle façon ou de telle autre façon. » Mais le meilleur, c’est les sources locales.

    JO : Ok. De commencer chez soi en premier.

    RL : C’est ça.

    JO : Comment quelqu’un peut-il déterminer quelles ressources généalogiques sont les plus utiles pour trouver ses ancêtres?

    RL : Ça dépend de l’histoire de sa famille en particulier. La plupart des Québécois sont ici depuis 1650-1750. On a des ressources pour eux autres, qui ne sont pas pareilles pour des Ukrainiens qui sont ici depuis 1914. Ça dépend de l’histoire particulière de sa famille. Si, dans sa famille, ils ont immigré pendant deux générations aux États-Unis, bien on ne fouillera pas dans les recensements canadiens pour ça. Ça dépend de l’histoire particulière de sa famille.

    JO : OK.

    SC : Quand un chercheur novice se présente au comptoir de généalogie, mon premier conseil est de lui dire de parler des générations antérieures avec les membres de sa famille, pour essayer d’établir une ligne de temps. C’est le plus important d’ailleurs, la ligne de temps. Même des renseignements vagues peuvent être utiles. Par exemple, si votre mère était au secondaire quand sa mère est décédée, ça donne une période de cinq ans pendant laquelle la personne a pu mourir. Les clients disent souvent qu’ils n’ont aucune idée, mais ils se souviennent qu’ils avaient sept ans lors des funérailles, ce qui est une bonne indication. Ou alors, un membre de la famille se souvient qu’une seule tante était survivante et que les autres étaient morts. Ça aide beaucoup à cerner les générations. Beaucoup de personnes se découragent parce qu’elles ne connaissent pas les dates exactes, mais ce n’est pas nécessaire de les avoir. On peut se débrouiller avec des dates approximatives.

    JO : Bien. Quelles sortes de documents liés à la généalogie peut-on trouver à Bibliothèques et Archives Canada? Quelles collections sont les plus utilisées?

    SC : BAC possède des documents produits par le gouvernement fédéral, donc nous avons les dossiers d’immigration datant de 1865 à 1935. Après cette date, les dossiers sont encore à Citoyenneté et Immigration.  Les listes de passagers sont les documents d’immigration officiels pour cette période. On a aussi des recensements, qui commencent en gros en 1841, l’année du premier recensement complet. Il y a quelques recensements antérieurs au Québec, dont un de 1666 pour la ville de Québec. On a des documents militaires, c’est-à-dire des documents sur les milices avant 1914. Il n’y a pas de dossiers de service pour ces documents, juste des rôles d’appel et des dossiers du Corps expéditionnaire canadien (le CEC). Les dossiers militaires ultérieurs à 1919 sont encore protégés par les lois sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels.

    Les recensements vont de 1841 à 1921. La loi a changé récemment : il faut attendre 92 ans avant que les données d’un recensement soient publiées. Alors il reste environ dix ans, peut-être neuf maintenant, avant que le prochain recensement du Canada [celui de 1931] soit publié. Et ça va être extraordinaire quand l’immense collection du Corps expéditionnaire canadien va être en ligne! Le recensement et les dossiers d’immigration sont très utilisés et faciles à interroger. Les bases de données sont constamment mises à jour pour corriger des fautes d’orthographe et des erreurs de transcription. Ça va être merveilleux, le CEC.

    JO : Vous avez parlé des dossiers du CEC, c’est-à-dire du Corps expéditionnaire canadien. Pouvez-vous les décrire et expliquer quelle sorte d’information s’y trouve?

    SC : Dans les dossiers des soldats, des infirmières militaires et des aumôniers du CEC – environ 660 000  au total –, il y a un document d’attestation, qui est maintenant disponible en ligne. Les documents d’attestation représentent une page de chaque dossier. Un projet pour numériser les dossiers au complet est en cours. Je pense qu’il y a 10 % du travail de fait, mais toute la collection va être numérisée d’ici quelques années. Les dossiers numérisés sont d’excellente qualité, en couleur et faciles à télécharger; c’est super. On trouve tellement d’information dans les dossiers du CEC : le lieu de résidence des personnes; avec quels membres de la famille ils vivent à une certaine époque; s’ils se marient (puisque le soldat commence à envoyer son argent à son épouse plutôt qu’à sa mère); quand ils meurent; leur testament; etc. C’est une excellente source d’information.

    JO : Comment peut-on consulter ces ressources?

    SC : Elles sont sur notre site Web. Si vous cliquez sur « Généalogie et histoire familiale », et que vous allez dans la section « Recherche d’ancêtres », vous verrez toutes les bases de données. On a un partenariat avec Ancestry.ca, alors certains de nos documents sont sur leur site; d’autres sites Web comme FamilySearch.org ont beaucoup de documents.

    JO : Parfait. Et qu’est-ce qui est seulement offert sur place?

    SC : Il y a beaucoup de choses qui sont seulement disponibles sur place, comme les dossiers des militaires qui sont morts au combat pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il y a un petit pourcentage de la collection qui est numérisé sur Ancestry.ca, mais il faut être sur place pour les consulter. Certains documents sur les petits immigrés anglais, comme les fiches d’examen des enfants et le bulletin d’information de Barnardo’s (intitulé « Ups and Downs ») sont des exemples de documents qu’on peut seulement consulter sur place. La plupart des journaux canadiens ne sont pas en ligne. On a une formidable collection de journaux sur microfilms qu’on doit lire dans nos locaux. Sans oublier la collection de documents généalogiques publiés, qu’on retrouve au 3e étage : les histoires familiales, les répertoires des registres des églises ou des paroisses et les index de recensements qui ont été publiés avant que tout soit mis en ligne – ces documents sont encore très utiles.

    JO : Très bien. Et les annuaires de ville?

    SC : Nous avons aussi des annuaires de ville, c’est vrai. Il y en a beaucoup en ligne : tous ceux de Montréal et une bonne partie des annuaires de Toronto sont là, mais la plupart sont seulement accessibles sur place.

    JO : Vous avez parlé des journaux. Quelle sorte d’information utile peut-on trouver dans les journaux?

    SC : Il y a bien des façons d’utiliser les journaux. La plus évidente est l’avis de décès, qui est une source extraordinaire vu qu’elle mentionne où et quand la personne est morte. Elle donne un peu d’information sur le défunt, les noms des parents survivants, et l’endroit où ils vivent. C’est surtout pour ça qu’on les utilise. Aussi, si une personne meurt dans un accident ou est assassinée, par exemple, un article dans un journal peut donner de l’information. Et quand un soldat revient dans un petit village, il y a parfois une petite note qui annonce son retour. Les journaux fournissent beaucoup d’information.

    JO : Si les chercheurs ont encore des questions après avoir consulté les pages Web sur la généalogie et les ressources de Bibliothèque et Archives Canada, avec qui doivent-ils communiquer, et comment?

    SC : Les sources d’information sont nombreuses. Pour poser une question sur la généalogie, les gens peuvent remplir le formulaire « Posez-nous une question », qui est disponible sur la page « Généalogie et histoire familiale », ou sur la page d’accueil, sous l’onglet vert « Formulaires ». C’est là qu’ils trouveront le formulaire sur notre site Web. Un chercheur peut aussi communiquer avec les archives provinciales pour consulter des documents sur les lots de colonisation, car on n’en a pas.

    Une personne à la recherche de sources locales peut s’adresser à la société de généalogie de sa région. Par exemple, il y a une succursale de la société de généalogie de l’Ontario dans presque toute la province, et c’est pareil partout au pays. Il y a une société d’histoire ou de généalogie dans toutes les régions. Si on ne peut pas aider les gens, on va les référer à ces sociétés. On peut donner un coup de main pour les actes de naissance, de mariage et de décès. On n’a pas les documents dans notre collection parce que c’est une juridiction provinciale, mais on en a des copies, comme la collection Drouin, ou on peut vous référer au bon endroit…

    JO : Les archives provinciales.

    SC : Oui.

    JO : Avez-vous une expérience personnelle intéressante à raconter concernant la recherche sur la généalogie ou un client avec qui vous avez travaillé?

    SC : Je suis toujours étonnée quand je vois l’évolution des noms des Premières Nations dans les recensements. C’est ce qui me semble le plus intéressant – ce qui touche par exemple la réserve Blood, en Saskatchewan, dans les premiers recensements. J’ai eu une question à ce sujet récemment. Les noms autochtones traditionnels étaient écrits phonétiquement en anglais. J’imagine que l’énumérateur écrivait ce qu’il entendait et ajoutait des traits d’union et des espaces où il voulait. Dans les documents suivants, le nom a évolué et est devenu une traduction anglaise. C’est là qu’on trouve des noms comme « White Buffalo Women » ou « Walking Buffalo ». « Prairie Dog » est une autre traduction littérale. Plus tard, dans les recensements de 1916 ou 1921, le nom évolue encore plus en suivant la logique européenne, ce qui donne des « Fred Red Dog », des « Cyril Old Woman at War » et des « Misses Running Rabbit ». C’est vraiment une tradition européenne, et ça montre l’ampleur du défi, pour la généalogie, des noms qui ne viennent pas du Royaume-Uni ou qui sont moins courants. Ils écrivaient ce qu’ils voulaient, tout simplement. Alors pour les Premières Nations, l’Europe de l’Est ou même les communautés italiennes, si le nom ne vient pas du Royaume-Uni, le défi est plus grand.

    JO : C’est la même chose pour les noms qui ont des espaces, comme Van Rossen, par exemple?

    SC : Oui, tout ce qui s’éloigne de la norme.

    JO : OK!

    SC : Même pour les noms du Royaume-Uni, les Mc et les Mac ont-ils une espace entre Mc et Donald? Ça nous cause toujours des ennuis…

    JO : Mac aussi, c’est vrai.

    SC : Ce n’est pas un nom standard.

    JO : Intéressant!Richard qu’est-ce qui incite les gens à entamer leurs recherches familiales?

    RL : Les gens ont différentes raisons pour faire une recherche généalogique. Pour certains, ils veulent voir si on a un rapport avec un groupe ethnique particulier, si on est Autochtones, si on a des Irlandais, des Écossais. Pour certaines personnes, c’est intéressant de le savoir. Pour d’autres, c’est juste la curiosité de savoir un fait historique : où étaient mes ancêtres? Aller chercher un lien avec l’histoire et sa famille… Chacun a leur raison particulière de faire de la généalogie.

    JO : Oui.

    RL : Le sentiment qu’on a, quand on a une cliente ou un client devant nous, puis qui – l’émotion que ce client-là nous présente quand il voit son père, son grand-père, son ancêtre sur un document d’archives… Pour lui, c’est quelqu’un qu’il connaît, là; lui, il voit, nous, on voit – c’est un nom griffonné sur un document, mais pour cette personne-là, c’est réel, c’est quelqu’un qui a existé. Puis souvent, ces personnes-là sont émues de voir ça. Son père quand il avait 20 ans, quand il a mis le pied au pays, ou son grand-père en uniforme militaire… C’est l’émotion, voir l’émotion qu’il y a dans ces gens-là, de voir ces documents-là, qui est beau.

    JO : Oui, oui… C’est comme un lien direct avec le passé et notre histoire personnelle.

    RL : Oui, c’est ça; c’est ça, oui.

    JO : Merci d’être avec nous aujourd’hui, Richard.

    RL : C’est moi qui vous remercie. C’était un plaisir, c’est une expérience.

    JO : Pour en savoir plus sur la généalogie et les ressources offertes à Bibliothèque et Archives Canada, rendez-nous visite en ligne sur le site Web bac-lac.gc.ca. Sur notre page d’accueil, cliquez sur l’onglet « Thèmes populaires », puis cliquez sur « Généalogie et histoire familiale ». Vous y trouverez des liens vers toutes nos ressources généalogiques, dont une section « Comment débuter ». N’oubliez pas non plus de consulter notre blogue, ledecoublogue.com, pour découvrir d’autre contenu sur la généalogie. Pour trouver ce contenu rapidement, cliquez sur « Généalogie et histoire familiale » dans la liste des catégories, à la droite de la page Web.

    Merci d’avoir été des nôtres. Ici Jessica Ouvrard, votre animatrice. Vous écoutiez « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada — votre fenêtre sur l’histoire, la littérature et la culture canadiennes ». Je remercie nos invités d’aujourd’hui, Sara Chatfield et Richard Lelièvre.

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