Inscrivez-moi : Dossiers du CEC, 1914-1918

Les officiers et les membres du 26e Bataillon de la 2e Division du Corps expéditionnaire canadien.

Plus de 640 000 hommes et femmes se sont enrôlés dans le Corps expéditionnaire canadien durant la Première Guerre mondiale en tant que soldats, infirmières et aumôniers. Dans cet épisode, Marcelle Cinq-Mars, archiviste, et Sara Chatfield, conseillère en généalogie, toutes deux de Bibliothèque et Archives Canada, se joignent à nous pour parler des dossiers de service de ces hommes et de ces femmes. Nous découvrirons quels types de documents on peut y trouver, quelle est leur valeur sur le plan de la recherche et comment ils ont abouti à Bibliothèque et Archives Canada.

Durée : 24:58

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Date de publication : 18 septembre 2014

  • Transcription d'épisode 14

    Jessica Ouvrard : Bienvenue à « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada : votre histoire, votre patrimoine documentaire ». Ici Jessica Ouvrard, votre animatrice. Joignez-vous à nous pour découvrir les trésors dont recèlent nos collections, pour en savoir plus sur nos nombreux services et pour rencontrer les gens qui acquièrent, protègent et font connaître le patrimoine documentaire du Canada.

    Plus de 640 000 hommes et femmes se sont enrôlés dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC) à titre de soldats, infirmières ou aumôniers pendant la Première Guerre mondiale. Au cours de l’émission, nous parlerons des dossiers de service de ces hommes et femmes, des types de documents qu’ils contiennent, de leur valeur archivistique et du chemin qu’ils ont parcouru avant d’aboutir à Bibliothèque et Archives Canada. Nous sommes en compagnie de l’archiviste Marcelle Cinq‑Mars et de la conseillère en généalogie Sara Chatfield, toutes deux de Bibliothèque et Archives Canada.

    JO : Allô Marcelle. Merci d’être ici avec nous aujourd’hui.

    Marcelle Cinq-Mars : Bonjour! Ça me fait plaisir.

    JO : Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que sont les dossiers de service du Corps expéditionnaire canadien?

    MCM : Ce que l’on appelle communément les dossiers de service des membres du Corps expéditionnaire consiste essentiellement, quand on les regarde physiquement, en une enveloppe, à l’intérieur de laquelle ont été placés des documents concernant chaque militaire ou chaque infirmière. Il ne faut pas oublier que dans le Corps expéditionnaire canadien durant la Première Guerre mondiale, nous retrouvons également les dossiers des infirmières, et aussi des aumôniers, mais en général, ce sont les soldats, les officiers et les infirmières; donc, une enveloppe dans laquelle on retrouve ces documents. Il y a plusieurs types de documents dans chaque enveloppe. Et comme aujourd’hui; pour chaque militaire encore aujourd’hui il existe un dossier qui documente la carrière et l’avancement ou la santé, les promotions, euh, les punitions parfois, les décorations que reçoivent les militaires. Donc, la même chose avait été créée lors de la Première Guerre mondiale pour les membres du Corps expéditionnaire. Qu’est-ce qu’on entend par Corps expéditionnaire, ce sont des troupes canadiennes qui ont été envoyées en Europe, principalement en Europe, durant la Première Guerre mondiale. Donc, on dit Corps expéditionnaire, c’est parce qu’ils s’en vont en expédition. Ce sont les troupes, seulement les dossiers des troupes qui sont parties en Europe pour la guerre.

    JO : OK. Quel genre d’information peut-on trouver dans les dossiers de services?

    MCM : Il y a quelques documents qui se retrouvent dans tous les dossiers, ou pratiquement tous les dossiers. Le premier serait le – ce qu’on appelle le papier d’enrôlement ou en anglais, « attestation paper ». Donc, c’est le contrat si l’on veut, par lequel le soldat s’enrôle et s’engage à servir. Donc ce document est le premier que l’on plaçait à l’époque dans le dossier. On retrouve également dans les dossiers de service les informations, par exemple, sur les médailles ou les décorations qu’un militaire aurait reçues. On retrouve aussi les informations de type médical. Donc si la personne a été blessée, on va pouvoir voir quel traitement on lui a donné, ou quel type d’opération elle a subie…

    JO : Donc il y a beaucoup d’informations personnelles ou de choses qui peuvent décrire qui était cette personne.

    MCM : Oui. Ce que l’on retrouve dans le dossier est relatif qu’à l’individu. Par exemple, la date d’enrôlement, son lieu d’enrôlement, son grade, son âge, toutes sortes d’informations personnelles qui documentent l’individu. Donc ce sont les dossiers du personnel, des individus et non pas des unités. On n’apprend rien sur un régiment, un bataillon d’infanterie ou des trucs comme ça, c’est vraiment individuel, c’est spécifique pour chaque individu. Et cette information-là est complétée par d’autres documents dans nos collections qui ne sont pas tous en ligne présentement. Par exemple, on a aussi tous les registres d’hôpitaux ou des soldats canadiens qui étaient reçus soit en Angleterre ou même en France. Donc différents types d’hôpitaux : des hôpitaux de soins d’urgence, mais ensuite des hôpitaux de convalescence en Angleterre; et donc dans le dossier d’un soldat cela nous dit à quel endroit il a été envoyé pour recevoir des traitements. Donc on peut aller dans nos collections chercher le registre de cet hôpital-là, pour la date, et on retrouve notre individu, on voit son enregistrement, il arrive à l’hôpital et on voit les traitements reçus, à quelle date il a quitté, donc ces livres-là sont un complément au dossier de service. Pour ceux malheureusement qui ne sont pas revenus de la guerre, pour ceux qui ont été soit tués au front ou morts de blessure, nous avons en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives Canada, ce que nous appelons le registre des circonstances de décès. Et ceci indique pour chaque individu, comme le dit le titre, les circonstances du décès. C’est tout en anglais évidement parce que bon, à l’époque le monde militaire, tout est en anglais. Par exemple, on retrouve pour des individus simplement la mention « killed in action », donc « tués au front ». Souvent, quand on retrouve que cette mention, c’est parce qu’on n’a pas retrouvé le corps. Donc, c’est « disparu au combat ». Dans d’autres cas, on aura des précisions plus détaillées sur les circonstances, parfois des témoins nous racontent qu’il est monté au front en même temps que les autres, qu’il est parti à l’assaut, on a vu qu’il a été touché pis en revenant on a vu qu’il était mort. Des fois on retrouve plus d’informations. Donc ces registres des circonstances de décès sont aussi une ressource qui est disponible en ligne. Une fois qu’on consulte le dossier d’un individu, c’est par ce dossier-là qu’on apprend à quelle unité il était rattaché, de quelle unité il a fait partie. Est-ce qu’il était avec le 22e Bataillon, avec la 14e Batterie d’artillerie, donc ça nous donne de l’information sur l’unité avec laquelle il était, et à quel moment. Nous avons aussi dans nos collections ce qu’on appelle les « war diaries » ou ce qu’on appelle en français, « journaux de guerre ». Ces journaux sont des – comme le dit le terme – des documents qui sont produits chaque journée, par chaque unité, mais vraiment par chaque unité. Et on y retrouve ce qui s’est passé, par exemple à la 14e Batterie cette journée-là, ou si on consulte le journal du 22e Bataillon on peut suivre jour après jour ce qui s’est passé. Donc, à partir du dossier, si le soldat sur lequel on fait des recherches était membre du 22e Bataillon, et bien on prend le journal du 22e Bataillon et on peut suivre sa vie et l’histoire de l’unité. Ça peut expliquer bien des choses, donc à quelle campagne, à quelle bataille ils ont participé lors d’une journée précise. Donc, on retrouve ça dans les journaux de guerre qui sont aussi disponibles en ligne sur le site de Bibliothèque et Archives Canada, et c’est par unité, donc, c’est fantastique de pouvoir compléter l’information qu’on retrouve dans le dossier du personnel avec d’autres sources qui sont aussi disponibles en ligne.

    JO : Ah oui, mais tu vois l’individu et tu vois l’unité…

    MCM : Oui, tu peux mettre en contexte et donc comprendre, apprendre à quel combat ou quelle bataille il a participé, et à quel endroit et dans quelles circonstances.

    JO : Oui. Nous sommes maintenant en compagnie de Sara Chatfield, conseillère en généalogie à Bibliothèque et Archives Canada. Sara, vous travaillez directement avec des clients qui veulent consulter les dossiers du Corps expéditionnaire canadien. Pouvez‑vous nous donner une idée de la fréquence à laquelle des clients demandent de consulter ces dossiers?

    SC : Ils comptent parmi les collections les plus consultées. C’est une énorme collection qui touche pratiquement tous ceux qui avaient de la famille ici avant la Première Guerre mondiale. Elle a un lien quelconque avec leur famille, alors j’essaie de la montrer aux gens chaque fois que j’en ai la chance. Je l’utilise tous les jours à mon bureau, quand je rencontre les gens en personne, ou quand je réponds à des courriels ou des lettres. Je l’utilise aussi souvent que possible, car c’est une ressource extraordinaire.

    JO : Qui sont les principaux utilisateurs de ces dossiers?

    SC : Parfois, ce sont des personnes qui entrent dans une bibliothèque pour la première fois depuis 50 ans et qui veulent seulement voir le dossier de leur grand‑père. Il y a des collectionneurs de médailles qui veulent juste joindre le dossier à une médaille qu’ils souhaitent vendre. Nous avons des groupes d’étudiants. Par exemple, le Collège algonquin a un programme de généalogie, alors nous voyons beaucoup de leurs étudiants. Je pense qu’un de leurs projets consiste à examiner ces dossiers. Nous recevons des personnes qui font leur arbre généalogique et qui veulent tout le dossier de leur ancêtre, car c’est la seule source qui décrit plus ou moins la personne physiquement; ça donne une idée. Les dossiers ont été mis à jour tout au long de la guerre, ce qui les distingue des recensements, qui donnent un aperçu d’une seule journée, et des dossiers d’immigration, qui donnent de l’information sur l’arrivée d’une personne au Canada et rien d’autre. Par contre, avec ces dossiers, vous pouvez voir quand ils se marient, car ils doivent demander la permission, et vous pouvez voir sur les fiches de solde que l’adresse a changé, peut‑être parce que la mère est décédée et que l’argent envoyé à domicile est maintenant expédié à la sœur, ou alors le soldat s’est marié et il envoie l’argent à sa nouvelle épouse plutôt qu’à sa mère. Les dossiers évoluent au fil du temps, c’est leur principal avantage.

    JO : Donc on peut, en quelque sorte, voir l’évolution de la vie du soldat pendant son service militaire.

    SC : Oui. Parfois, il y a un testament dans le dossier, et il a été rédigé au moment de l’enrôlement. Ça donne une idée, il y a plusieurs petits documents comme ça qui peuvent fournir de l’information. En plus, ils fournissent des adresses réelles, car tout devait être envoyé par la poste. On peut donc recouper cette information avec celle des annuaires municipaux de chaque grande ville. Ça peut nous mener loin quand on fait des recherches sur l’histoire de sa famille.

    JO : Exact. Ce sont de petits bijoux.

    SC : De gros bijoux! Ils sont extraordinaires.

    JO : OK, de gros bijoux. Comment les gens utilisent‑ils les dossiers du CEC?

    SC : Hmm.

    JO : Qu’est‑ce qu’ils cherchent?

    SC : Ils cherchent des renseignements personnels. J’aime ces dossiers parce qu’il s’agit d’une des seules collections qui donne des renseignements personnels détaillés, comme des rapports médicaux. Les tatouages, les cicatrices, la couleur des cheveux et des yeux et la religion sont aussi indiqués. D’autres documents donnent ce type d’information, mais ces dossiers sont les seuls qui décrivent la personne et donnent une idée de ce qu’elle avait l’air.

    JO : Je vois. En général, qu’est‑ce que les clients cherchent lorsqu’ils consultent les dossiers?

    SC : Nous les utilisons souvent pour trouver des membres de leur famille, car ils devaient écrire le nom de leur plus proche parent, généralement sur le formulaire d’enrôlement. Ils servent aussi à connaître le lieu et la date de naissance. Où le soldat a été démobilisé, est‑ce qu’il est resté en Angleterre ou revenu au Canada, ça donne une idée si vous essayez de retrouver des membres de la famille. La date d’enrôlement donne un petit indice du moment où ils ont immigré au Canada, car beaucoup de personnes pensent par exemple qu’ils sont arrivés en 1916, mais ils se sont enrôlés à Winnipeg en 1914. Ça donne une idée du moment où il faut chercher le dossier d’immigration. Les associations s’en servent lorsqu’ils préparent des cénotaphes pour les écoles. Les villes érigent des monuments pour les écoles à propos de certaines batailles lorsqu’ils font des projets d’histoire, parce que les dossiers montrent où les personnes se sont enrôlées et qui s’est enrôlé dans une ville particulière.

    JO : Quelles sont les raisons les plus fréquentes qui empêchent les gens de trouver les dossiers de leurs ancêtres?

    SC : Il y en a beaucoup. Ils peuvent avoir servi dans l’Armée britannique. C’est fréquent parce que l’Armée britannique avait des bureaux de recrutement au Canada. En général, les personnes nées au Canada s’enrôlaient comme Canadiens, mais un homme né en Angleterre et ayant immigré au Canada aurait peut‑être choisi de combattre avec les Britanniques. Ils étaient peut‑être membres du corps d’aviation royal, car nous n’en avions pas à l’époque, alors ceux qui voulaient être pilotes devaient se joindre aux Britanniques ou à la Royal Navy. Peut‑être aussi qu’ils ont servi dans la Marine canadienne, ces documents-là ne sont pas dans la base de données. Ils ont peut‑être servi dans le Régiment de Terre‑Neuve puisque Terre‑Neuve n’était pas une province, alors leurs dossiers sont considérés comme britanniques. Ils peuvent avoir fait partie d’une milice locale au Canada; très peu de dossiers de service ont été conservés. Nous avons certains dossiers sur les milices actives non permanentes; des hommes plus âgés chargés de défendre les phares et les canaux au Canada, mais ces dossiers ne sont pas dans la base de données. D’autres se sont enrôlés dans le CEC sous un faux nom, et il peut y avoir bien d’autres raisons. Ils n’avaient pas l’âge requis, leur épouse n’a pas donné leur accord ou ils s’étaient déjà enrôlés, avaient déserté et voulaient revenir. Certains sont des militaires de carrière et leur dossier de la Première Guerre mondiale se trouve en fait dans la collection de l’après‑guerre, parce qu’ils sont restés dans l’armée et, pour des raisons archivistiques, les dossiers ne sont plus considérés comme des dossiers de la Première Guerre mondiale.

    JO : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de l’histoire de ces dossiers?

    MCM : Ah, ils ont toute une histoire! Donc la façon dont ont été créés ces dossiers en premier lieu, et bien ce sont des Canadiens, donc ils s’enrôlent au pays, et lors de leur enrôlement au pays, on ouvre un dossier, on crée un dossier pour chacun. Ce dossier-là, on le crée au Canada, mais ces militaires sont appelés à aller se battre en Europe. Donc il faut avoir son dossier, il doit suivre, parce que quand le soldat est en Europe et dans les tranchées, si on a une information à rajouter au dossier on ne va pas envoyer le document au Canada. Alors ce qu’on a fait, c’est qu’on a créé un autre dossier, mais en Angleterre pour chaque soldat ou infirmière. Donc on avait ceux qui avaient été créés au Canada qu’on a laissés au Canada, en Angleterre, une fois rendus en Angleterre quand on avait des informations à ajouter au dossier, on les ajoutait dans la copie « B », si on veut, du dossier. Donc on se retrouve avec des informations qui sont ajoutées dans deux dossiers. À la fin de la guerre, bon normalement on ajoute plus d’information et comme les hommes et les infirmières reviennent au pays, les autorités ont décidé de rapporter les dossiers aussi et ce qui est intéressant à noter, c’est de quelle façon on a rapporté les dossiers. Les militaires, quand la guerre a été terminée, ont été rassemblés en Angleterre pour prendre le bateau pour revenir. Alors ce qu’on a fait, c’est qu’on a dit à chaque militaire : vous allez récupérer votre dossier – qui consiste toujours en une enveloppe – vous allez prendre l’enveloppe et pour embarquer sur le bateau ça vous prend votre dossier. C’est comme votre passeport pour retourner au pays. Et donc les autorités militaires de cette façon-là, quand les hommes revenaient, récupéraient le dossier. Donc le soldat se présentait, donnait son enveloppe avec son dossier et en échange recevait son certificat de démobilisation et pendant ce temps-là les autorités militaires récupéraient les dossiers. Et ensuite, on a consolidé le dossier qui était resté au Canada à l’origine avec celui qui avait été rapporté. Et c’est ce qu’on a maintenant, c’est une enveloppe avec tous les documents relatifs à chaque militaire.

    JO : Wow. Tout un travail.

    MCM : Oui.

    JO : Avez-vous découvert des problèmes ou des particularités pour ces dossiers?

    MCM : Pas vraiment, en général ces dossiers sont en bon état, je dirais que parfois les enveloppes sont un peu fatiguées, parce que ce sont les documents de BAC qui sont les plus consultés. Et pour de bonnes raisons, parce qu’ils nous informent sur chaque individu, et il y a beaucoup de généalogistes qui s’intéressent à ces dossiers. Hmmm… Des problèmes… il y a une partie des dossiers qui a été victime d’une petite inondation à une époque reculée, dans les années 70, je crois, et quelques dossiers ont été atteints de moisissures, donc ont développé un peu de moisissure. C’est une infime partie, et ces dossiers-là, quand quelqu’un veut les consulter, on effectue un traitement pour s’assurer qu’il n’y a pas de contamination possible et de cette façon-là, ils peuvent être consultés par les chercheurs ou les généalogistes. Mais en général, il n’y a pas de problème majeur avec ces dossiers-là.

    JO : D’accord. OK. Comment et pourquoi ces dossiers ont-ils abouti à Bibliothèque et Archives Canada?

    MCM : Quand ces dossiers ont été récupérés à la fin de la Première Guerre mondiale, ils ont été conservés par les autorités militaires pour un certain temps. Mais une fois que les membres du Corps expéditionnaire ont été démobilisés, donc ont quitté l’armée, ces dossiers-là n’avaient plus de valeur, hmm… comment pourrais-je dire, ils n’étaient plus utiles nécessairement pour l’armée parce que ces hommes-là n’étaient plus des soldats. Mais ils étaient utiles pour émettre des pensions, pour pouvoir donner des pensions aux anciens combattants, ceux qui en faisaient la demande évidemment. Dans ces dossiers-là on trouve, et bien, la preuve du service, donc les années ou les mois de service; et si un soldat, par exemple, avait subi des blessures ou un handicap permanent, donc c’était documenté par ces dossiers-là. Mais la quantité de dossiers – 640 000 dossiers – c’est une collection importante que le ministère des Anciens Combattants trouvait un peu grande à gérer parce que leur mission à eux c’est de procurer et de permettre aux anciens combattants de recevoir des pensions et non pas de gérer des collections d’archives. Donc au début des années 1970, en 1971 exactement, le Conseil privé a mandaté Bibliothèque et Archives Canada pour récupérer ces dossiers, pour les conserver. Donc, tout ce qui entoure la conservation, la préservation, la diffusion des archives. Et donc, ces documents-là ont été mis sous la garde de Bibliothèque et Archives Canada au début des années 1970. Donc on les a depuis cette époque-là et on va les garder.

    JO : Bien sûr, définitivement. Dans votre travail avec les dossiers avez-vous trouvé des histoires intéressantes?

    MCM : C’est un peu…. On me pose souvent cette question-là; à savoir, est-ce qu’il y a des histoires spéciales, mais dans le fond, chaque soldat, chaque infirmière, c’est une histoire spéciale, donc il y a 640 000 histoires spéciales. Je veux dire, et chaque fois qu’on ouvre un dossier et qu’on regarde, c’est quelqu’un d’autre que l’on découvre, c’est une nouvelle histoire. C’est certain qu’on retrouve les dossiers de tous les récipiendaires de la Croix de Victoria, donc ces gens-là ont nécessairement fait des gestes héroïques, ont fait des actions héroïques et ils ont reçus… mais n’importe qui qui s’est enrôlé et puis qui est allé pour se battre était héroïque en quelque part, et si vous consultez le dossier de votre grand-père ou de votre grand-mère qui peut avoir été infirmière, et bien ce dossier-là est spécial pour vous aussi. Il est plus spécial qu’un autre, donc ils sont tous spéciaux pour quelqu’un, quelque part.

    Et bien évidemment, il y a des histoires particulières, mais, c’est un peu injuste d’en sélectionner une et pas l’autre, et pourquoi. C’est certain que pour moi, personnellement j’aime beaucoup regarder les dossiers des infirmières parce que je trouve vraiment que ces femmes qui partaient avec les soldats, avec les militaires pour aller les soigner, c’était tout un courage que ça prenait aussi. Elles partaient et elles savaient que cela n’allait pas être agréable le travail qu’elles allaient effectuer : soigner des blessés, procéder à des amputations, assister des hommes qui meurent… Donc le dossier des infirmières, pour moi, est très touchant.

    JO : Oui. Sara, avez‑vous des anecdotes intéressantes ou insolites à raconter au sujet de ces dossiers?

    SC : Je viens justement de finir de travailler sur un dossier. La mère d’un chercheur a trouvé une médaille de la Première Guerre mondiale dans un coffre à bijoux de fantaisie vendu dans le bazar d’une église au cours des années 50. Elle l’a achetée parce qu’elle ne voulait pas qu’elle soit jetée et qu’elle avait sans doute de la valeur pour quelqu’un. Son fils a trouvé la médaille il y a quelques années lorsqu’il nettoyait la maison après son décès. J’ai travaillé longtemps avec lui, c’était un excellent chercheur et le travail était facile puisque le nom complet et le numéro matricule étaient inscrits, ce qui n’est souvent pas le cas. Nous avons commandé le dossier et découvert où il vivait et quel était son plus proche parent, le formulaire d’enrôlement donnait toute cette information. Nous avons trouvé sa carte de décès dans la collection de cartes de décès des anciens combattants, qui est en ligne sur notre site Web. Nous avons épluché les actes de naissance, de mariage et de décès de l’Ontario, et nous avons pu retracer son histoire, qui est un peu triste. Il s’est marié et a eu un enfant un an plus tard. Son épouse est morte en couche et le bébé est décédé une semaine plus tard, je pense. Quatre jours après la mort du bébé, il s’est enrôlé. J’imagine qu’il n’avait plus rien à perdre…

    JO : Oui.

    SC : …alors il est allé à la guerre. Nous voulions vraiment aller jusqu’au bout avec ce soldat, mais nous n’avons trouvé aucun parent vivant. C’est arrivé il y a trop longtemps, et il semble que personne n’a eu d’enfant dans sa famille. Le client a préparé une trousse complète et l’a remise aux archives locales de sa ville natale. Il a encadré la médaille et avait des photocopies des actes de naissance, de mariage et de décès, tout. Une petite trousse qui sera très utile aux groupes d’étudiants qui se rendront dans les archives.

    JO : C’est un très beau geste. Merci beaucoup d’être venue nous expliquer comment les clients utilisent ces dossiers.

    SC : Ça m’a fait plaisir.

    JO : Pour en savoir plus sur les dossiers de service du Corps expéditionnaire canadien et les autres ressources sur la Première Guerre mondiale, veuillez consulter notre site Web au www.bac-lac.gc.ca. Sur la page d’accueil, cliquez sur l’onglet Découvrez la collection, puis sur Patrimoine militaire. Sur cette page, cliquez sur Première Guerre mondiale dans le menu à gauche. Vous y trouverez des liens vers toutes nos ressources sur la Première Guerre mondiale. N’oubliez pas de consulter notre blogue à ledecoublogue.com pour trouver d’autres renseignements sur la Première Guerre mondiale. Vous trouverez du contenu rapidement en choisissant la catégorie Militaire et maintien de la paix.

    Merci d’avoir été des nôtres. Ici Jessica Ouvrard, votre animatrice. Vous écoutiez « Découvrez Bibliothèque et Archives Canada - votre fenêtre sur l’histoire, la littérature et la culture canadienne ». Je remercie nos invités d’aujourd’hui, Marcelle Cinq-Mars et Sara Chatfield.

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